AMOURS ETERNELS

CORINE BORGNET
Exposition
Arts plastiques
Galerie Valérie Delaunay Paris 03

La couronne, 2018, os de volaille et de taupe, 30 x 30 cm

Le titre de l’exposition Amours éternels est en soi tout un poème et donne le ton d’un romantisme wagnérien échevelé, un accent singulier, teinté d’ironie puisque Corine Borgnet met l’amour éternel au pluriel. A la suite de ses dernières expositions monographiques Sans foi ni particule et No man’s land, Corine Borgnet continue de livrer ses réflexions artistiques sur les grands thèmes de la vie de la mort et de l’amour. Pour cette exposition toutefois le côté intime d’une mythologie personnelle s’ouvre largement sur un propos résolument plus universel.

 Il est question, cette fois, d’aborder la vie sous l’angle de la fragilité, épuisement de la foi, vulnérabilité de l’amour, caractère éphémère du bonheur, légèreté de la joie.  Cette prise de conscience de la précarité des choses s’accorde avec le choix des médiums de l’ensemble des pièces de cette exposition. L’artiste utilise des os de volaille, très petits et prompts à se casser ou se réduire en poussière. Elle fait aussi couler la cire de cierges qu’elle récolte dans les églises qui se sont consumés, emportant dans leurs fumerolles des prières intenses et intimes d’inconnus. Elle redonne une nouvelle forme et un tout autre usage à ces matériaux quelque peu insolites. De même que l’amour et la perte de l’amour peuvent se vivre comme le phénomène de la résilience - du latin resilientia -  la résistance au choc, le fait de rebondir, elle offre à ces matières une seconde chance en somme.

 La pratique de Corine Borgnet emprunte à diverses références passant du grand art classique aux modes d’expressions populaires comme les tatouages, les contes pour enfants, la dentelle. Tous les objets présentés se situent sur le fil de cette fragile protection : un cœur qui bat enchâssé dans un fil barbelé, des mains qui prient enlacées par une cordelette, un diadème, une guêpière, une chaussure, une couronne, un gant, des fleurs (plante carnivore ou rose de la Belle & la Bête), une vanité au crâne et insectes, des papillons  et une jarretière constitués d’ossements, le dessin d’un dodo cet étrange oiseau disparu par la stupidité des hommes, des couronnes de mariées fanées se métamorphosant  en couronnes d’épines…

La présence de ces pièces réunies dans cette exposition résonne en moi comme un vers d’Arthur Rimbaud  d’une étrange beauté quasi baroque, « Le sang coula, chez Barbe-Bleue, - aux abattoirs, - dans les cirques, où le sceau de Dieu blêmit les fenêtres. Le sang et le lait coulèrent » (Après le déluge dans Illuminations 1873).

 

 

Isabelle de Maison Rouge

Commissaire d’exposition indépendante

Artistes

Adresse

Galerie Valérie Delaunay 42 rue de Montmorency 75003 Paris 03 France

Comment s'y rendre

Métros : Arts et métiers / Rambuteau

Parkings : Centre Pompidou

Dernière mise à jour le 2 mars 2020