ASTRID DE LA FOREST
À l’occasion de la nouvelle exposition du graveur Astrid de La Forest : Variations
sur la montagne, la Galerie Vieille du Temple est heureuse de présenter ses monotypes
récents.
Le monotype, en gravure, est un procédé d’impression qui ne permet pas de faire
plusieurs épreuves. Il s’agit de peindre sur un support non poreux comme du verre,
du métal ou du plexiglas. La Forest utilise des encres grasses, propres à l’imprimerie,
qu’elle traite comme de la peinture, en gestes vigoureux. L’imprimeur Suisse Raymond
Meyer, accueille Astrid de La Forest dans son atelier sur les bords du Lac Léman: « C’est
très beau et j’aime dessiner sur le motif » dit elle. « Au fil du temps ces montagnes sont
devenues un peu imaginaires, je les ai dessinées de manière répétitive, à différentes
heures du jour et de la nuit, elles sont devenues mes montagnes. Il y a l’horizontalité
du lac et la verticalité des falaises, la montagne est un support formidable, ç’est
presque abstrait. »
Avec cette série de monotypes de montagne, le paradoxe est saisissant : Ici,
alors qu’elle abandonne la multiplicité de la gravure pour l’unicité du monotype, elle
reporte cette multiplicité dans sa série au motif unique et inlassablement répété.
Cette nouvelle série permet de voir toute l’ampleur du talent d’Astrid de La Forest, à
la fois graveur hors pair et peintre gestuel. Si La Forest a choisi d’être graveur, c’est
sans doute que l’intermédiaire de la plaque lui permet une distance dont elle a besoin
pour créer. Elle re-grave, d’ailleurs souvent à la pointe sèche, ses aquarelles sur papier
japonais ainsi que les « fantômes » de ses monotypes (oeuvres tirées du deuxième
passage de la presse). Ces « fantômes » révèlent une image presque effacée, comme
entre deux mondes, où le motif persiste mais le geste disparaît. Ces accents gravés à
la pointe sèche viennent rappeller que le geste est essentiel à son oeuvre.
Astrid de La Forest a su, avec cette nouvelle série, réunir brillament les deux
aspects fondamentaux de son travail, le geste vigoureux du peintre et la délicatesse
distanciée du graveur.