Chris Johanson & Edouard Baribeaud

D'un autre monde - Printemps de septembre 2011
Exposition
Arts plastiques
Pavillon Blanc Henri Molina Médiathèque | Centre d’art de Colomiers Colomiers
Vue de l'exposition. Oeuvres de Chris Johanson. Photo M Boyer

L’approche mystique des paysages d'Édouard Baribeaud est bien éloignée de la société peinte par Chris Johanson. C'est la façon qu'ils ont de dessiner en peinture qui les rapproche dans cette exposition.

On y rentre par une boite noire peinte de motifs de jungle, un sas vers un autre monde. Puis l’exposition alterne des oeuvres abstraites et figuratives, dans une circulation en spirale. Elle rassemble deux manières d’explorer un dessin des origines fait d’échos à l’art pariétal et au graffiti. Dans cette recherche des gestes primitifs, Baribeaud et Johanson abandonnent le langage de la peinture moderne. Ils se tournent vers d’autres sources, la rue et la nature. Ces oeuvres sont les motifs d’une quête intérieure : elles ont en commun la volonté d’écrire un autre monde, une peinture touchant aux croyances pour Baribeaud et à l’existence pour Johanson.

CHRIS JOHANSON

un travail en marge de l’institution sur la scène internationale

Chris Johanson se fait connaître dans les années 90 par sa pratique du skateboard et du graffiti à San Francisco. Dessin, peinture, sculpture et installation ont enrichi les pratiques de l’artiste, dont les matériaux de base sont toujours recyclés ou d’occasion. Issu de la street culture, mais loin d’être un marginal, il est affilié à des artistes du groupe de Bay area comme Barry McGee, Margarett Killagen et Alicia Mc Carthy, dans la mouvance de Finster ou avant lui Keith Haring. Rétifs face à l’institution, ces artistes n’en bénéficient pas moins d’une large visibilité sur la scène de l’art contemporain. une peinture emprunte de naïveté et un portrait social. L’univers artistique de Chris Johanson est centré sur les rapports qu’entretiennent les êtres humains avec leur environnement immédiat. Les combats, la vie urbaine, la fraternité, la solitude, les petits plaisirs simples mais aussi les désagréments du quotidien sont quelques-uns des sujets que l’artiste retranscrit dans ses tableaux colorés. Adoptant une certaine indifférence délibérée vis-à-vis de la technique, au travers d’images naïves, il décrypte, en filigrane, le poids de la pression sociale sur l’individu. Dans Untitled (2005), les personnages sont multicolores mais réalisés sur le même modèle, leurs corps conformés dans une posture figée, révèlent une tension entre l’individu et le groupe. Chris Johanson nous parle d’un individu pris entre ses aspirations personnelles et une conformité sociale.

de la Figuration au symbolisme

Les abstractions de l’artiste ne sont pas loin de ses figurations : formes géométriques aux couleurs vives, identiques à celles des personnages, elles s’organisent autour de systèmes rayonnants, figures naïve du soleil, dieu par excellence de la culture païenne. A moins que ces structures ne soient les symboles de relations sociales imbriquées, voire explosives. Micro-récits de scènes ordinaires ou organisations symboliques, les peintures de Chris Johanson oscillent entre la rue et la quête personnelle de l’artiste. Leurs couleurs, leurs motifs, donnent aux oeuvres leur aura et le sentiment que quelque chose d’impalpable se dépose sur le monde.

EDOUARD BARIBEAUD 

Le corpus d’oeuvres d’Edouard Baribeaud présenté à Colomiers rassemble des peintures de différentes séries autour du paysage. L’intérêt de l’artiste pour le mystère trouve dans ce sujet une matière singulière, à la croisée des cultures chrétiennes et animistes, des représentations du moyen-âge de l’Amazonie. Sa peinture explore les parentés entre le paysage et le sentiment du sacré. Dans une conversation, il citait Médée, un film de Pasolini où le monde mystique de Médée lutte contre le monde industriel de Jason : dans une scène, un personnage dit que tout est saint, et que lorsque tout paraitra naturel, ce sera la fin d’une ère.

« heimat / unheimat » ou ce lieu que j’ai a l’interieur de moi

Les tableaux d’Edouard Baribeaud renvoient à une nature sacralisée, emprunte d’étrangeté, où la notion de heimat - terme allemand qui désigne « un endroit physique ou mental que je connais ou reconnais au fond de moi mais où je ne suis jamais vraiment allé, un lieu idéal que je n’atteindrais jamais - est omniprésente », dit l’artiste. A l’heimat, l’artiste a opposé l’unheimat, vocabulaire qu’il a inventé désignant « un endroit que je connais mais où je ne veux pas être ». A la frontière des deux notions, l’artiste joue de manière poétique sur l’enchantement distancié d’un monde en même temps que sur son désenchantement. Les coulures et les graffitis mettent en évidence le processus de fabrication. Ce vocabulaire emprunt d’archaïsme rappelle la présence de la matière, tandis que les sujets des oeuvres évoquent le mystère et le sacré. Philosophie, poésie… déclencheur de création. La série Flug-der-eule (Le vol de la chouette – cet animal représente la sagesse et la philosophie dans l’antiquité) a été réalisée en référence à des textes de Hegel, à la manière d’un jeu interrogeant la possibilité de créer des images à partir d’une pensée. Les titres renforcent l’onirisme de l’image ; dans Les larmes de Traoré, la nature, élément fort, absorbe l’humain, sa luxuriance ne permettant pas à l’homme de s’épanouir. Si les déclencheurs de la série Flug-der-eule sont des pensées, ce sont les motifs et les couleurs des tableaux de la renaissance allemande qui sont sources d’inspiration de la série Goeterdeamerung (Le crépuscule des dieux). L’artiste les interprète librement, se concentre sur l’aspect sacré et mythique du paysage, avec son langage plastique contemporain.

le cheminement, l’errance, un motif recurrent

La notion de cheminement est omniprésente dans l’oeuvre de l’artiste où l’on retrouve souvent la figure du marcheur. Dans la série Heillige (Saint), un personnage primitif tracé à la bombe chemine dans un paysage traité à l’encre de façon traditionnelle. Edouard Baribeaud s’applique à mélanger les styles, l’art pariétal et le graffiti, le dessin spontané et le dessin minutieux. Un personnage passe encore dans le tableau Ritter, tableau introductif à l’installation vidéo São Jorge, montrée pour la première fois au Pavillon Blanc. Prenant sa source dans un rêve de l’artiste et tourné au Brésil, São Jorge présente la figure étrange d’un chevalier sans cheval, qui transite de la ville vers la forêt. Le film réconcilie les oppositions : un héros séculaire vêtu de noir et de blanc traverse le monde contemporain et coloré du Brésil, pays du syncrétisme entre les cultures chrétiennes et animistes. Issu de la rencontre de Saint-Georges, saint chrétien protecteur des guerriers et Ogum dieu du fer afrobrésilien, le chevalier traverse les paysages.

Complément d'information

D’UN AUTRE MONDE : 23 SEPTEMBRE - 16 OCTOBRE 2011 WWW.PRINTEMPSDESEPTEMBRE.COM

Exposition coproduite et co-programmée Centre d’Art de Colomiers au Pavillon Blanc / Printemps de Septembre

Commissaires d'exposition

Adresse

Pavillon Blanc Henri Molina Médiathèque | Centre d’art de Colomiers 1 place Alex Raymond 31770 Colomiers France

Comment s'y rendre

Bus Tisséo :

Ligne 21 – arrêt Lauragais – Pavillon Blanc

TAD 118 – arrêt montel

Linéo 2 - arrêt Pavillon Blanc

Lignes 150 et 32 – arrêt Pavillon Blanc

Train ligne C :

Depuis gare des Arènes Toulouse : arrêt Colomiers. Tarif Tisseo

Voiture :

N124 sortie 4, parking gratuit de 190 places, place Alex Raymond face à la Mairie

Dernière mise à jour le 11 mai 2021