Elizabeth GAROUSTE

FANTAISIE
Exposition
Design
Granville Gallery Paris 14

ELIZABETH GAROUSTE : FANTAISIE

Derrière la silhouette élégante et l’air lunaire d’Elizabeth Garouste se cachent mille et un mondes. Un tohu-bohu d’ombres et de chimères où la fantasmagorie prospère.
« Designer émérite », « Architecte et décoratrice d’exception », « Grande Dame »… la louange sied à l’ancienne complice de Mattia Bonetti comme un vêtement sur-mesure, un velours qui tombe juste. Il est vrai qu’elle n’a que 30 ans quand, début 80, elle endosse en duo l’habit lourd à porter du « Renouveau des arts décoratifs ». A peine arrivée, elle imprime son empreinte dans le mobilier au point de faire aussitôt partie des meubles ; de ce paysage domestique où beaucoup s’enferment quand elle saura toujours prendre la clé des champs. « Je me sens plus créatrice que designer, rappelle-t-elle sans relâche. Le design est étroitement lié à des matériaux contemporains et à la fonction alors que j’explore - de manière plus artisanale - une veine narrative, en quête d’un langage poétique.»
Depuis quelques années, c’est dans le dessin qu’Elizabeth élargit ses horizons. Crayon en main, elle trace, croque et griffe. Filant sur le fil en funambule, elle débobine des figures éberluées, plante un théâtre de créatures outrées et ouvertement sexuées. Une jungle d’oiseaux, de tubéreuses et de rhizomes, de poissons et de fantômes. A la nuit tombée, « comme d’autres tricotent », elle ouvre, dans la plus stricte intimité, sa boîte de Pandore. Entre rêveries éveillées et vie rêvée, elle laisse ses songes prendre corps. « La vie rêvée, c’est avec un V majuscule ajouté comme un matricule au pyjama d’un somnambule », écrivait David Rochline, ce frère trop vite envolé.
D’abord tenus secrets, ces dessins du soir ont fini par quitter les tiroirs pour gagner les cimaises. Puis ils se sont propagés sur le plâtre et la terre. Sur le métal aussi, qu’elle travaille en fin de semaine dans l’atelier de son mari, le peintre Gérard Garouste. « Au fil du temps, les deux univers sont devenus poreux, raconte Elizabeth, mes dessins se sont échappés de leur prison de papier pour recouvrir mes créations. » Normal, il y a quelque chose de viral dans cette production qui, d’abord marginale, confine aujourd’hui à l’œuvre totale. On pense aux encres de Gaston Chaissac, on pense encore à l’Hourloupe de Jean Dubuffet quand le blanc et le noir recouvrent candélabres et miroirs. Plus obscur, cet univers se mêle aux fantaisies de toujours, au baroque, au Barbare. Bref, Elizabeth glisse dare-dare vers l’art brut sans pour autant renier ses amours anciennes, tout ce qui l’a forgée.
Ce qu’elle présente en ce début d’année à la Granville Gallery synthétise sa galaxie. Ses amis Catherine Melotte et Jean-Pierre Bruaire - avec lesquels elle collabore depuis des années - lui ont commandé de nouvelles créations. Elle a proposé des vases à l’air bonhomme et des miroirs, des lampes à poser et des bougeoirs mais aussi un guéridon en terre cuite et une chaise tapissée d’un soleil. Au total, une quinzaine de pièces uniques. Des œuvres que l’on peut découvrir 23 rue du Départ jusqu’au 16 mars et que les plus chanceux emporteront avec eux… comme on recueille au matin un morceau de rêve, une parcelle d’éternité.
Laurent Montant
 
Prochaine exposition : Philippe DANEY : Mai 2018

Adresse

Granville Gallery 23 rue du départ 75014 Paris 14 France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020