Etienne-Martin (1913-1995)

Etienne-Martin est un des sculpteurs majeurs du XXe siècle. Sa compréhension des matériaux est mise au service d’une mythologie personnelle. Tout l’œuvre d’Etienne-Martin est une quête de la demeure, la maison de son enfance à Loriol. L’œuvre d’Etienne-Martin s’est construit sur les émotions de son enfance passée à Loriol, dans la Drôme, où il naît en 1913. La maison familiale, dont une partie est inaccessible, conduit l’artiste à son incessante, obsessionnelle recréation mentale, ceci par un système de code de lignes, de couleurs et d’espaces traduits dans d’innombrables dessins et carnets. Cet abécédaire complexe est une sorte de carte d’orientation de ses souvenirs. Etienne-Martin suit l’enseignement des Beaux-Arts à Lyon de 1928 à 1933, où il se lie d’amitié avec le peintre Bertholle. Il s’installe à Paris grâce à une bourse qui lui est octroyée. A l’atelier Ranson, il rencontre Stahly, Bissière, Manessier… Ensemble, ils fondent le groupe Témoignage. D’abord ancré dans un classicisme maîtrisé, l’œuvre d’Etienne-Martin s’ouvre à des formes d’une liberté que rien n’entravera. Il affectionne le bois et réalise des pièces monumentales, creusées, lissées, sensuelles, mais s’attache aussi à un ensemble de sculptures-dessins faites de fil de fer. A partir de 1954, il commence la magistrale série des Demeures. Il explore les matériaux les plus divers, le plâtre notamment, pour ces gigantesques et si fragiles matrices dont bon nombre seront, plus tard, coulées en bronze. Le tissu, la passementerie, les cordes de lin donnent forme à d’étranges sculptures-reliquaires ou au manteau dans lequel, facétieux, il aime se glisser, faisant de lui une sculpture vivante, hiératique. Le Prix International de la Sculpture lui est attribué à la Biennale de Venise en 1966. En charge de l’atelier d’art monumental à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Etienne-Martin marque durablement, par sa liberté de ton, les jeunes générations d’artistes. En 1992, l’occasion lui est donnée de réaliser l’œuvre totale, au domaine du Bois-Orcan, à Noyal-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine). Il dessine et modèle le parc dans lequel ses bronzes sont installés, réalisant ainsi sa cosmogonie personnelle. Etienne-Martin disparaît en 1995. Exposition conçue par le Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Centre de création industrielle, Paris, et réalisée par le musée de Vannes.