Exposition Parallèles

// Gilles Balmet // Gaëlle Chotard //
Exposition
Arts plastiques
L'AGART - L'Association Galerie d’ARTistes Amilly

© Gilles Balmet, Waterfalls, 2010, Galerie Dominique Fiat, Paris et Gaëlle Chotard, Sans Titre, 2010, Galerie Claudine Papillon, Paris.

Parallèles aurait comme ambition de tenir à égale distance deux artistes dans une même exposition, en un espace qui paradoxalement viendrait les rapprocher momentanément. Mais inévitablement l’exercice ne pourra échapper aux liaisons possibles qui assignent l’un dans sa proximité de autre et l’exercice n’est donc jamais sans risque de voir déplacer le propos d’une oeuvre au profit d’une intention qui lui serait étrangère. Malgré tout, Parallèles réaffirme en premier lieu ce désir d’être une géographie temporaire où Gilles Balmet et Gaëlle Chotard se côtoient, sans intention initiale de se rejoindre. Chacun trace une voie originale sans prétendre au domaine de l’autre et emprunte des déambulations personnelles qui, cependant, iront dans des directions communes avec des moyens différents. Comme bien d’autres, et de manière évidente, aucun de ces deux artistes ne revendiquent une école, si tenté qu’aujourd’hui il en soit question dans l’art contemporain, ils ne clament pas non plus d’appartenance à un groupe, tout au plus expriment-ils des parentés de démarches ou des affinités d’écriture avec quelques artistes actuels. Pourtant si singuliers soient-ils, à ne pas vouloir être inscrits dans une technique unique, à décloisonner les genres, ou les ignorer, à changer de style si nécessaire, à expérimenter le volume comme le dessin, ils restent tous deux significatifs d’une époque qui aura fait fi des catégories, des slogans et des théories esthétiques dominantes. L’idée première de cette exposition était de continuer une relation d’écriture avec un artiste, Gilles Balmet, qui n’eut l’opportunité de présenter que trop ponctuellement des œuvres dans trois manifestations que j’ai pu organiser dernièrement. Portant sur une vidéo précise ou une série de dessins, les textes écrits en ces occasions ne tendaient pas vers une approche globale de son activité artistique. La disparité apparente de son travail me fit prendre conscience d’une nécessité de déployer un jour un accrochage où les liaisons internes et complexes entre ses oeuvres deviendraient alors perceptibles. Suivant le principe adopté par la galerie L’AGART d’exposer conjointement deux artistes, j’ai alors proposé à Gilles Balmet de me suggérer des personnes dont il appréciait les oeuvres et avec lesquels il aimerait présenter son travail. La liste qu’il m’adressa comportait très peu d’artistes dont je connaissais le travail et lui-même n’en avait rencontré aucun. Comme une évidence à nos yeux, Gaëlle Chotard s’imposa. Ainsi, le plaisir de montrer de manière plus complète l’œuvre de Gilles Balmet s’était enrichi de la découverte d’une artiste de sa génération et dont les recherches suggèrent à l’évidence des mises en regard nombreuses et variées avec ses propres œuvres. Bien sûr, les figures arachnéennes d’un dessin de l’un se repèrent aujourd’hui dans les sculptures textiles de l’autre, les jeux d’ombres projetées rencontrent les arborescences d’encres noires ; les connivences entre ces deux créateurs offrent tant d’échos concevables qu’il sera inutile de fixer une parole sur ces relations qui s’opèrent dans une manifestation conjoncturelle. Au-delà de ces affinités formelles nous nous attacherons donc à ce qui fait leur particularité plutôt que de noter leurs similitudes et nous verrons à distinguer, ou tout au plus à imaginer, ce que l’œuvre de l’un éveille chez l’autre d’un commentaire inattendu, comme pour rendre compte ici d’une possible analyse visuelle issue de leurs seules pratiques Jacques PY, commissaire de l’exposition Gilles BALMET La formule maîtresse de l’art de Gilles Balmet, l’un des artistes prometteurs de la nouvelle génération, est celle de transfert esthétique. Exemples. Soit le tes de Rorschach et, plus précisément, la tâche aux contours incertains que la psychologue demande à son patient d’examiner et d’interpréter. Balmet, partant de cette tâche, la duplique en de grandes peintures sérielles jusqu’à en faire un tableau abstrait de contexture répétitive, parfaitement normée, faisant penser au all over des expressionnistes abstraits (Untitled [Rorschach], 2005). Toujours à partir du même test de Rorschach, l’artiste traite certains contours de tâches en trois dimensions, à partir d’une découpe dans les classeurs en plastique. Il en résulte de curieuses sculptures évoquant Pevsner ou Gargallo, subitement propulsées à l’âge de la logique floue du morphing (Sculpture Rorschach). Autre exemple de transfert : une des peintures de l’artiste, de nature abstraite, une fois sa surface grattée, se transforme en une image de forêt enneigée (Winterdreams, 2004) : glissement de la non-figure, au sens incertain, à la figuration allusive et descriptive. Une vidéo de l’artiste, sombre, aux accents mystérieux, donne l’impression d’une composition matiériste animée de mouvements. En y regardant de plus près : des oiseaux dans un arbre, posés sur des branches remuées par le vent (Birds, 2004), etc. Qu’il utilise l’image peinte, la vidéo, la sculpture, Gilles Balmet cultive le principe de la réversibilité de la forme et, par extension, du sens. Le propos qui en résulte plaide pour l’art comme potentialité de la forme. Ouvrir, combiner, démultiplier le visuel, dans cette optique, prolonger le vocabulaire acquis de l’art. L’intérêt du travail de Gilles Balmet est indéniable. Déjà, cet artiste sait créer un univers qui lui est propre où il est difficile de pister l’adhésion transie ou l’hommage appuyé à telle ou telle inflexion artistique canonique. Ce propos signale une vision à la fois intrigante, attractive et expérimentale du monde, de l’image et de la forme (la seule image, la seule forme qui vaillent, ce sont celles qui m’ont échappé), une intention, aussi, d’exister hors des courants dominants de la création dite « émergente » [...]. L’isolement assumé fait toute la qualité de l’œuvre naissante de Balmet et pourrait être, qui sait ?, le meilleur vecteur de sa fortune future. Pas de souscription, le concernant, à la rhétorique post-médiatique (Wang Du), posthistorique (Babin), sociale-critique (Alain Declercq), mélancolique-romantique (Rebecca Bournigault) ou d’esprit entertainment (Kolkoz), voire carrément régressif ((Fabien Verschaere, Virginie Barré) si en vogue à ce jour, et qui fait des artistes cités, plus que des maîtres de l’expression, des veilleurs, des errants ou des naufragés du signe. De manière ostensible, le travail de Balmet, le plus corrélé pourtant qui soit à la réalité, revendique une autonomie forte. Il invite le spectateur à un regard neuf, se tenant à longue distance des repères. Le travail de Gilles Balmet apparaît-il à l’occasion étrange, inclassable, mal qualifiable, irréductible à une désignation slogan ? C’est là, en bonne logique, l’effet de ce positionnement de l’artiste non à la marge de l’expression (les médiums restent conventionnels), mais à la marge de la référence [...]. Article de Paul Ardenne publié dans Art Press n°322, avril 2006 Gaëlle CHOTARD Le textile compose l’essentiel de la création de Gaëlle Chotard. C’est une sensibilité dont elle dispose depuis l’enfance. Elle s’est attachée à détourner la technique du tricot, quelque peu désuète, pour en faire des oeuvres d’art. Ces objets créés en trois dimensions s’apparentent plus à la sculpture et les sujets abordés n’ont aucun lien avec la finalité initiale du textile. Ainsi, ils permettraient que les techniques soient toujours utilisées et vues autrement. Gaëlle Chotard travaille sur la perception, un moyen d’éveiller le spectateur à des sensations lui permettant de se transporter dans un univers. Chacune de ses sculptures est éclairée par une petite lampe diode électroluminescente, qui génère une lumière blanche puissante et projette sur les murs une image agrandie, un double fantomatique de ses formes étranges. La plupart de ses oeuvres présente des transformations, de l’humain à l’animal, par des petits morceaux de corps : d’étranges extensions au bout des doigts, sur le visage... Le rapport à l’animalité souligne la part de violence en nous, cette part sauvage que l’on ne veut pas voir. C’est infime comme les griffes ou des sabots en maille qui se placent juste à la pointe du pied. D’autres pièces comme les trophées - des cerfs, sans yeux ni bouche, expression dont on distingue la tête avec ses bois - abordent également ce sujet : tout tricoté de blanc, ce sont de jolis objets minutieux semblables à des bijoux. Ils contiennent à la fois la douceur de l’intimité et la violence d’une tête coupée qu’on accroche à un mur. D’autres sculptures éclairés par une diode rouge, sont un voyage dans les entrailles de la forme, une vision intérieure. Sa série de dessins à la plume et à l’encre (argentée) sont comme des paysages mentaux ou des tests de psychologie projective comme le suggèrent par ailleurs les peintures de Gilles Balmet. Sources : Le Fil et la maille, Olivier Gaulon, in aerarevu(s) n°10, 2005; Gaëlle Chotard, Au Fond. , Carine Pouvreau, in Paris-art.com, 2007; Le Fil et la maille, Olivier Gaulon, in aerarevu(s) n°10, 2005;

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Dernière mise à jour le 13 octobre 2022