Gerhard Doehler

première exposition personnelle à la galerie Oniris
Exposition
Arts plastiques
Galerie Oniris Rennes
Ce qui frappe d’abord lorsque l’on rentre dans un espace occupé par Gerhard Doehler, c’est la légèreté, la luminosité, les vibrations colorées des pièces et de l’espace. Les supports sont variés, mais sont tous de formes très simples (des lignes, des carrés, des cercles…), qui n’évoquent en eux-mêmes rien de particulier, ne renvoient à aucun objet, à aucune fonction qui permettraient de les identifier et auxquels on pourrait les comparer, mais qui s’imposent par l ‘évidence de leur forme, de leur présence et constituent en quelque sorte des modèles archétypaux, et ne semblent être là que comme supports de couleurs et la lumière. Les couleurs se réduisent à quelques traits, à des surfaces finalement assez réduites, à quelques jeux de points… Parfois même, au premier abord, on ne les voit pas, même si on les perçoit ! Les œuvres sont toujours présentées par séries : il faut au moins deux œuvres pour le jeu puise apparaître. Non pas parce que le travail a été réalisé par série (même si Doehler dit que, quand il est sur une piste, il décline son idée d’origine), mais parce que c’est les variations des différentes pièces qui font apparaître les nuances, les sensibilités, les effets. Deux pièces peuvent ainsi se trouver juxtaposées, sans pour autant avoir été travaillées simultanément. En fait, toutes les œuvres sont uniques : certes il y a des variations, mais chaque pièce est unique. On sent bien d’ailleurs, à regarder les œuvres, qu’il n’y a rien de précis, de véritablement calculé, et que, en tous cas, ce n’est pas la mise en œuvre d’une règle qui donnerait à l’œuvre son contenu. Certes, dans certaines œuvres, les dispositions semblent résulter d’un ordonnancement logique, voire mathématique : Doehler, comme beaucoup d’autres artistes aime utiliser par exemple la suite de Fibonacci, mais sans doute parce que la progression qu’elle propose semble plus générer un mouvement, une dynamique, qu’un calcul ou un ordonnancement qui donnerait l’impression d’une règle, d’une stabilité. En tous cas, pour Doehler, il n’est pas nécessaire que le spectateur ait connaissance de la façon dont les éléments de l’œuvre ont pu être disposés. De même, les titres ne sont pas uniquement descriptifs. Certes, souvent ils donnent des indications sur les données matérielles de l’œuvre, le support, la forme, les matières… Mais, dans cette description même apparaît parfois une ouverture, voire une fantaisie qui invite à dépasser l’apparence première : « chromophore », « mise à jour », « ontological parameter fixing »… jouent un peu comme des appels à l’imagination, évoquent une illusion. Le travail de Doehler qui joue avant tout, à travers les formes, les couleurs, les matières…, sur une vibration de la couleur, de la lumière, passe par un travail qui suppose une exécution rigoureuse. La peinture, acrylique, est projetée au pistolet, les couches successives de vernis sont poncées ; les opérations sont répétées plusieurs fois pour donner à la couleur, à ses reflets, aux ombres projetées des formes blanches le maximum à a fois d’intensité et de légèreté. C’est cette exactitude, où le regard n’est arrêté par aucun accident, qui donne une impression d’ouverture et de légèreté, qui caractérise cette œuvre. Gerhard Doehler a d’abord travaillé sur des supports en bois ; le passage à des supports en aluminium, parfaitement lisses et réfléchissants, a permis le renforcement des vibrations colorées. Cette première exposition à la galerie Oniris montre des pièces des dix dernières années : des œuvres qui vont de 1999 à 2009. Peut-on voir dans cet ensemble une évolution, des changements ? L’artiste, pour sa part, dit que plus il avance, plus il voit « plus clair ». Le changement de support en témoigne, tout en montrant une grande continuité. Parmi les dernières œuvres réalisées, certaines se détachent du mur : au lieu de peindre sur trois faces, Doehler peint sur les quatre faces du support. Peut-on, pour autant, évoquer le volume, la sculpture ? Bien que toutes les pièces soient quelque part des « volumes », qu’elles soient en relief, les œuvres de Doehler sont perçues principalement comme des peintures. Il en parle lui-même comme s’il parlait de peintures. Et la présentation des œuvres, la légèreté de l’accrochage, renforcent cette impression. Les œuvres ne sont pas vraiment des tableaux au sens habituel, mais leur légèreté empêche de les voir comme des sculptures, comme des objets. Il s’agit là d’une approche tout à fait originale de Doehler, qui renvoie au sens même du travail : on ne peut le ranger ni dans l’art « optique », ni dans l’art « construit », ni dans l’abstraction géométrique, ou l’art conceptuel. C’est un travail de coloriste qui associe la couleur de la peinture (qui peut très bien ne pas apparaître par elle même mais simplement par réfraction) à la luminosité de la matière. C’est donc une œuvre tout à fait originale qui s’inscrit bien dans la ligne de la galerie, en ouvrant de nouvelles perspectives. Un travail qui peut s’inscrire à la fois dans la tradition lyrique de Rothko, mais aussi dans la filière minimaliste de Dan Flavin ou de Don Judd, tout en évoquant les œuvres à la fois construites et ludiques de François Morellet ou de Vera Molnar.

Autres artistes présentés

Gerhard Doehler

Horaires

du mardi au samedi de 14h à 18h30

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Galerie Oniris 38 rue d'Antrain 35700 Rennes France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022