Group Show : Anita Dube - Safâa Erruas - Brian Wills
Anita DUBE
Anita Dube agite à sa manière les principes de la réappropriation (l’assimilation, la
citation, le rapprochement de formes passées et actuelles). Elle y adjoint un vernis plus
anthropologique, du moins plus en phase avec la réalité sociétale.
Marsia reprend les Jaali, ces motifs architecturaux ornementant nombres d’édifices
islamiques en Inde. Anita Dube en fait une matrice qu’elle dépose contre l’un des murs
de la salle, légèrement inclinée et retenue de la chute par des cordes de soutien. Ici pas
de pierre, plutôt du polystyrène repeint pour imiter la facture monumentale, surtout
pour alerter sur la fragilité des symboles qui s’effondrent.
Marsia sonne comme une métaphore des poésies élégiaques chantées par le Muharram
au premier mois du calendrier islamique; elle sonne également comme la promesse
d’un renouveau, comme l’héritage d’une pensée universaliste aujourd’hui marginalisée
par les mécanismes de la mondialisation et le manichéisme des tenants du choc des
civilisations. Et il n’y a peut-être que l’art (ou ici l’artiste qu’il faut associer à la corde de
soutien) pour réveiller ces symboles.
Emmanuel Posnic (extrait, 2007)
Safâa ERRUAS
Safaa Erruas est née en 1976 à Tétouan au nord du Maroc.
Les matériaux qu’elle utilise évoquent la légèreté, la douceur, la transparence et leur
traitement symbolise une extrême violence, et la confusion des formes induit celle des
sentiments. Toutes les problématiques liées au corps sont suggérées, le corps objet de
genre, corps souffrant de maladie ou corps de la personne vivant en société dans des
conditions politiques mouvantes ou incertaines.
Pour ce faire, tissu, gaze, perles de céramique, coton, aiguilles sont autant de matériaux
doux et tranchants qui s’opposent et s’unissent pour mettre en valeur un propos puissant
et fin à la fois. Safaa Erruas fait une référence silencieuse à la douleur.
Elle développe ce thème dans ses différents aspects, scientifiques bien sûr mais aussi
à partir de l’Intime pour aller vers des applications pour l’individu et la société. Cette
présence de la douleur prend différentes formes, douleur extrême, criante mais
également à travers le silence, sans voix même si elle est permanente et forte dessinée
par des milliers de cicatrices invisibles que l’on ne reconnait qu’à travers soi.
Une installation in-situ de l’artiste est visible jusqu’au 1er mars 2015 à l’Institut du Monde Arabe.
Brian WILLS
Après avoir étudié le droit à Harvard, Brian Wills fait le choix de devenir artiste, son
désir profond.
Il est maintenant basé à LA depuis 16 ans et produit des oeuvres qui se révèlent un subtil
mélange de simplicité et de complexité dans une perception de leurs couleurs évoluant
selon l’angle d’attaque de la lumière.
Ses oeuvres proches d’un esprit minimaliste, utilisent des matériaux très actuels, fil de
nylon, peinture irisée ou encore laquée.