impromptu I

Par définition, « petite pièce de vers composée sur-le-champ et sans préparation, in promptu, c’est-à-dire : à portée de la main » ; en musique, c’est aussi une libre composition proche de l’improvisation.

De novembre 2014 à juin 2015, plusieurs impromptus, simples ou doubles, se succèdent et par moment se juxtaposeront dans les espaces de la maison de la culture d’amiens et ceux du fonds régional d’art contemporain de picardie.

Quelques semaines seulement avant leurs présentations, trois impromptus sont composés par des artistes et créateurs accueillis par la maison de la culture : metteur en scène, comédiens, musiciens … en l’occurrence Lukas Hemleb, le collectif Superamas, et conjointement Benjamin Lazar et Louise Moaty.

A découvrir des ensembles inédits et éphémères d’oeuvres révélés dans la conversation d’univers artistiques multiples et d’un cabinet dédié au dessin contemporain parmi les plus singuliers, augmenté depuis 2013 de dépôts du centre national des arts plastiques – ministère de la culture et de la communication.

Librement, chacun s’invente un nouveau puzzle, offre d’autres prolongements aux différentes expériences théâtrales, performatives et musicales proposées sur scène.

Premier invité du cycle impromptus : Lukas Hemleb, metteur en scène. Sa pensée d’homme de théâtre recherche dans les dessins tant une libre déambulation qu’un dialogue à distance avec Je suis le vent de Jon Fosse, présenté à la maison de la culture d’Amiens début octobre, avant quelques représentations à Abbeville et Péronne.

Pour moi, l’univers du dessin se caractérise par une particulière économie des moyens. Le dessin se définit par le trait, l’évidence visible du support, le vide qui l’entoure. En cela il établit pour moi un profond lien avec le théâtre, et, en l’occurrence, avec l’écriture de Jon Fosse. Quand j’ai consulté la riche collection du Frac Picardie pour réfléchir à la composition d’une exposition, j’ai écarté dès le départ des oeuvres anecdotiques ou trop “narratives”, en privilégiant largement des oeuvres abstraites. Après, je me suis rendu compte qu’il y a peu de couleur dans mon choix, ce que j’assume complètement, en absolu et en écho à la pièce de Jon Fosse.

Je me suis laissé intuitivement conduire vers des oeuvres avec une certaine teneur mystique, en prise avec le Vide, l’Inconnu ou avec le Néant.

Certaines oeuvres présentent un lien direct avec la pièce de Jon Fosse, évoquant les éléments, la mer, la nuit, le vent. Il y en a même qui répondent directement à nos gestes sur le plateau.

Une partie du choix peut paraître une provocation en ce que cela correspond à l’image caricaturale qui est véhiculée communément sur l’art contemporain, mais l’idée d’un espace consacré aux oeuvres qui représentent des surfaces uniformes, monochromes ne cesse de me fasciner.

Lukas Hemleb, septembre 2014.