JÖRG LANGHANS
Jörg Langhans est né à Bonn, en Allemagne
en 1966. Il s’installe à Paris en 1984, c’est là que
l’urgence de peindre le saisit et qu’il s’inscrit
aux Beaux Arts de Paris.
À la suite d’une série d’autoportraits en 1993,
il aboutit à une vision fragmentaire du visage
dont l’oeil et la bouche deviennent des éléments
récurrents dans son oeuvre. « Le tableau,
pour moi, est devenu à partir de ce moment,
l’espace symbolique d’une unité rêvée ». Chez
Jörg Langhans, « Nulle description du monde,
mais une façon d’être au monde ».
Le paysage apparaît en 1998 dans sa peinture
qui s’en trouve revitalisée. Dans un souci de
réunification symbolique, Jörg Langhans
travaille des autoportraits où les éléments
végétaux et organiques, symboles du cycle
universel, se mêlent au corps humain.
La série des Ecorces commencée en 2008, et
qui sera exposée à la Galerie Vieille du Temple,
est une métaphore de cette réunification. Il y a
six ans, pendant une promenade en forêt, Jörg
Langhans découvre des bouleaux déracinés
et leurs écorces jonchées sur le sol : « La
blancheur de ces écorces était aussi lumineuse
que désolante ». Irrémédiablement attiré par
le paradoxe de cette peau abandonnée par
son corps, Langhans peuple son atelier de ces
sculptures énigmatiques.
Les oeuvres exposées, mystiques et violentes
à la fois, représentent ces sculptures d’écorces
de bouleau, flottantes les unes contre les
autres au sein de compositions carrées. Ces
papiers et ces huiles sur toile ou sur bois de
formats variés, sont une allusion au carré blanc
sur fond noir, peut être même un hommage
à Malevitch. L’écorce de bouleau, preuve de
l’absence d’une forme qui la portait jadis, fait
aussi penser à une peau meurtrie. Langhans
parle de manière détournée, des « désastres
de la guerre », référence à Goya, mais surtout
manière pour l’artiste de peindre le vide, l’oubli
et l’anéantissement.
Les écorces viennent aussi rappeler que le
tableau n’est que surface, qui figure le passé
de celui qui l’a peint. Qu’il soit surface de
mémoire comme pour le livre ou éphémère et
vouée à la putréfaction comme les fleurs et les
vanités, - autant d’éléments récurrents dans
son travail – le tableau devient ici une surface
chargée, vivante, une surface qui est matière
de songe, de désir, et de désillusion aussi…
L’écorce est à la fois métaphore de la peau,
de la surface, et finalement de la peinture elle
même. Comme si tout ne faisait qu’un. Rêve
fou, qui dans ce monde de songes, devient
réalité, le temps d’une exposition.