Lauréats de la commande photographique nationale : Regards du Grand Paris - Année 2

En partenariat avec les Ateliers Médicis

Francis Morandini, 2017

Pour la deuxième année, le Cnap et les Ateliers Médicis ont lancé un appel à candidatures et ont invité les artistes qui évoluent  dans le champ de la création photographique contemporaine, à proposer un projet autour du Grand Paris et en réponse au thème : « Translation - vers le même ou vers l’autre ? ».

Les œuvres produites intègreront le Fonds national d’art contemporain, collection que le Cnap enrichit, conserve et diffuse en France et à l’étranger.

135 candidatures ont été reçues lors de ce nouvel appel à candidatures, lancé le 7 juillet et cloturé le 12 septembre 2017.

Camille Ayme - Fiat Lux
En 1917, l’état-major planifiait la construction d’une réplique de Paris, décor lumineux destiné à leurrer les bombardements de nuit. Deux des trois zones de ce « Faux Paris » étaient envisagées au cœur des installations actuelles du Grand Paris Express. Alors que la création de la mégapole moderne fait revivre les tracés de ce Paris factice, Camille Ayme vient questionner ce qui fait la ville aujourd’hui, à travers cette utopie militaire basée sur l’éclairage artificiel. Malgré les immenses progrès technologiques, la notion d’urbanité passe encore aujourd’hui par la lumière.

« Mettre en regard un nouveau tracé de la ville de Paris qui va être réalisé et le tracé d’un Paris factice jamais construit : c’est l’opposition entre une dystopie militaire et une utopie urbaine. »

Hannah Darabi & Benoit Grimbert - Les vies du Grand Paris ; 6 portraits de territoire
Issus des universités bordant le réseau de transports en commun du Grand Paris Express, six étudiants guident les photographes dans leur territoire, leurs habitudes et leurs pratiques. Hannah Darabi et Benoît Grimbert les photographieront dans leur environnement immédiat et au-delà, à pied ou en transports. Le territoire spécifique qu'ils occupent, parcourent ou traversent, constitue lui-même une donnée majeure du sujet, permettant aux regards du Grand Paris d’être à la fois celui des artistes et de ses habitants.

« On estime que le meilleur marqueur de l'usage d'un territoire ce sont ses populations, et que celui en particulier d'un territoire en mutation, c'est sa population en devenir. »

Sylvain Gouraud - Saint Eutrope
Saint Eutrope sera une série d'images photographiques représentant des hommes en prise avec la nature dans et autour du bois de St Eutrope, coincé dans le nœud urbain de la grande banlieue sud de Paris. Déployées lors d’une assemblée réunissant des acteurs de ce territoire, ces images mèneront à une discussion filmée. Témoignages et photographies seront rassemblés dans une édition distribuée aux acteurs du projet.

« Saint Eutrope est une balade dans la forêt, à la rencontre de ceux qui y sont attachés, par leurs gestes, leurs pratiques (…). Ils vont nous permettre de sentir, de ressentir ce que nous avons oublié. »

Gilberto Güiza-Rojas - Territoire-travail, asile en construction
La formation et l’orientation professionnelle des demandeurs d’asile représentent une problématique du territoire du Grand Paris. En raison de l’incompatibilité des métiers ou d’un besoin d’apprentissage de la langue, ces personnes peuvent être réorientées vers une activité professionnelle en potentiel décalage avec leur métier d’origine. Territoire-Travail, Asile en construction est une cartographie imaginaire permettant de lier des lieux du Grand Paris à un lieu de travail. Ces représentations photographiques mises en scènes mettent en évidence la complexité des mouvements des personnes à travers le monde.

« Dans la recherche de l’intégration à la vie civile des demandeurs d’asile (et des étrangers en général), le travail joue un rôle crucial. »

Francis Morandini - Aujourd'hui Le Grand Paris
Francis Morandini enquête sur la pensée moderniste des grands ensembles en s’intéressant à la ligne D du RER et notamment à la ville de Sarcelles, emblématique de la pensée utopique d’après-guerre du « vivre ensemble ». En portant un regard sur le passé, il cherchera à instaurer une distanciation avec le présent et dévoilera les failles du projet et ses poches de résistance. Il étudie ainsi les affects de la population dans toutes leur complexité, pour devenir une caisse de résonance et permettre aux voix multiples et singulières de s’exprimer.

« Y-a-t-il la possibilité d'une brèche vers l'extérieur lorsqu'on naît, malgré nous, en tout lieu ? »

« Comment vivent les gens dans la ville ? Que ressentent-ils au quotidien et quels seraient leurs désirs si nous leur donnions la possibilité et les moyens de s'exprimer ? »

Po Sim Sambath - Depuis la nuit
La nuit, l’espace public devient un cadre propice au jeu, et amplifie cette part de fiction propre à toute représentation. En interrogeant la façon dont l’image s’exprime à travers des situations de pose dans cet espace public, Po Sim Sambath interroge par la photographie le degré de conscience des jeunes dans la fabrication de leur identité. Ce projet vise à leur permettre de s’emparer de leur image d’une façon critique, pour que cette dimension identitaire s’accompagne d’une conscience de leurs propres représentations – celles qu’ils produisent ou celles véhiculées par les médias – et qu’ils puissent s’en extraire.

« Dans la lumière de l’éclairage urbain, une lumière au potentiel dramaturgique forte, la jeunesse s’invente une histoire autant qu’elle trouve un refuge. »

Le comité de sélection

Réuni le 31 octobre 2017 à Clichy-sous-Bois, le comité de sélection était présidé par Olivier Meneux, directeur des Ateliers Médicis, et Yves Robert, directeur du Centre national des arts plastiques. Il se composait de Jennifer Thiault pour le ministère de la Culture et de cinq personnalités qualifiées Julie Balagué, photographe, Julien Duc-Maugé, commissaire d’exposition, Karim Kal, photographe, Maryam Madjidi, écrivaine et Paul Maheke, artiste.

Dernière mise à jour le 2 mars 2021