l'envers du motif

Saisir les multiples aspects du motif est une entreprise illimitée. Par étymologie, entendu comme « ce qui meut », il est par essence variable, mouvant, susceptible de transposer dans un langage propre des formes issues du réel ou de ne renvoyer qu’à lui même. Stylisation du réel ou pure abstraction, vocation ornementale ou éléments de construction, le motif appelle différents usages chez les artistes contemporains. Quel dessein sert-il, quelle présence lui est adjointe ? Issu d’objets usuels ou d’éléments architecturaux, géométriques ou contenus dans les lettres de l’alphabet, il relève de registres infinis. Le quotidien constitue un vivier de formes variées à partir desquelles un travail de déclinaison plastique se joue, à l’image des trompettes de Jean Dewasne dont les divers registres de couleur orchestrent des harmonies singulières. Pour David Tremlett, le motif géométrique naît de relevés de plans architecturaux qui sont traduits au pastel dans des formes simplifiées à l’extrême ou tracés à même le mur, surlignant les propriétés du lieu. Issus d’un tampon en caoutchouc enduit d’encre, les motifs abstraits viennent chez Hubert Kiecol servir une quête d’équilibre et d’immuabilité dans le rapport des masses entre elles. L’utilisation des lettres de l’alphabet, non plus comme fonctions signifiantes, mais comme signes graphiques, est prétexte à fournir pour Pierre Buraglio motif et élément de construction pour le dessin. Tandis qu’Etienne Pressager se joue des interstices entre elles et les superpose, ou les inventorie dans un abécédaire espiègle. Prétexte ou point de départ, le motif porte dans chaque œuvre le regard au-delà de lui-même pour évoquer plus largement les préoccupations et les perceptions de leurs créateurs, face à l’Histoire ou aux sociétés auxquelles nous appartenons.