Les Princes de la rue

Exposition
Arts plastiques
Jousse entreprise - art contemporain Paris 03
Clarisse Hahn, CRACK !, 2021, tirage argento-numérique encadré sous verre, 80 x 120 cm

Un quartier populaire à Paris, son marché, ses trafics, ses kebabs, les corps qui se croisent et parfois s’exhibent. L’argent circule aussi vite que les regards. Les vendeurs de cigarettes règnent sous le métro aérien de Barbès. Les hommes y sont des as de l’observation, rien de leur échappe. Les Princes de la rue s’inscrivent dans les “Boyzone”, travail au long cours dans lequel Clarisse Hahn observe ces situations où le corps des hommes chorégraphie leurs rapports à l’espace public comme dans l’intimité.

Des corps, des regards : les films et les photographies de Clarisse Hahn consacrés aux communautés et aux rituels vont au-delà du consentement de l’Autre à être regardé. Ils montrent comment l’être social peut faire du regard que l’on porte sur lui un moyen d’expression : se donner à voir sans se faire avoir.
Artiste et non ethnographe, documentariste puisque le terme est le mieux adapté, Clarisse Hahn ignore tout attitude égotiste : elle disparaît au plus près des corps pour leur laisser la place d’exprimer leur force, leur fragilité et leur douleur - mais aussi leur histoire.

Mobilisant les images d’archives, Clarisse Hahn crée une désynchronisation qui témoigne de généalogies invisibles. Ces jeunes hommes sont les descendants de héros français recrutés au temps des colonies. Ironie ou ruse de l’Histoire, héros et antihéros ne font ici plus qu’un. Barbès, cour des miracle, abrite les Anciens comme les Exclus. Ceux-là portent à leur tour les stigmates d’une histoire qui peine à cicatriser. Les chairs meurtries comme les mémoires. Nombre de cultures du monde abritent des “Boyzone” : dans la joie, l’incarcération, la dévotion, la survie, le labeur, des hommes parlent le langage de leur anatomie. Un cortège d’attitudes souples et brutales défile dans la rue, Clarisse Hahn scrute des “hommes entre eux”. Son expérience de documentariste permet la construction d’une présence invisible. Le regard des hommes est ici pris pour objet, leur corps érotisé. Le male gaze s’est évaporé dans le froid des matins.
Il a neigé sur Barbès cet hiver, il neigeait aussi à Alger.

Michel Poivert, 2021

Complément d'information

Vernissage samedi 16 octobre 2021 de 16h à 21h

Artistes

Horaires

Du mardi au samedi, de 11h à 19h

Adresse

Jousse entreprise - art contemporain 6 rue Saint-Claude 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022