NICOLAS MOMEIN Auto Soler

Exposition
Arts plastiques
Les Bains-Douches Alençon

Il reste une trace de l’innocence dans cette manière que Nicolas Momein a de faire des empreintes dans la matière. Quand il modèle directement aux doigts le cadre qui encercle et retient les couleurs de sa série Magnet, cela évoque le souvenir du premier toucher. L’origine du geste qui se trouve avant le faire. Cet intérêt pour l’origine est présent depuis longtemps dans sa pratique notamment dans le choix des matériaux avec la terre, le crin et le sel. Les mêmes problématiques rejaillissent dans les sculptures exposées aux Bains- Douches, lorsqu’il produit les contours de ses volumes. Le mastique utilisé est une sorte de terre, couleur peau. Il semble très ancien mais a une composition chimique contemporaine. Ce rendu ocre nous fait presque oublier la nature des matériaux.

L’artiste dessine à la scie sauteuse directement sur le support. Mais le dessin est au maximum simplifié. Quand il est figuratif il peut prendre la forme d’amphore qui évoque encore l’art primitif. À l’aide d’une résine qui s’étend, s’étire et devient élastique, l’artiste compose de grands aplats brillants dans lesquels il glisse quelques contres formes. La résine entraine des effets de moirures. Cela ressemble à de la peinture et en même temps il est possible de la découper, ce qui renvoie au technique du textile et à l’idée du patron. Ces sculptures, aimantées sur de grandes tôles d’acier peuvent être déplacées et replacées. Elles se pluggent n’importe où et envahissent l’espace. Elles prennent de l’ampleur en somme. En creux, les élastomères portent en eux par la multiplicité d’utilisation qu’ils peuvent avoir, les questionnements qui animent le travail de l’artiste. Ils sont à la fois utilisés dans l’industrie pour réaliser des tapis antichocs, pour faire des pièces insonorisées, mais aussi pour faire des moules pour la sculpture. Les tensions entre le corps et l’objet sont déjà présentes dans le choix même des matériaux.

Il y a quelque chose du souvenir archaïque dans le travail de Nicolas Momein : l’odeur séculaire de la poussière mélangée à l’huile des machines. L’art primitif rencontre l’industrie mourante du XXe siècle. Il y aussi des souvenirs plus charnels et un peu scabreux qui renvoient à notre nature première : un collant un peu tendu qu’on aurait arraché, des fesses nues sur un canapé en cuir, une peau à la fois douce et rugueuse. Ces jeux de matières et de formes renvoient autant à un vocabulaire de l’origine de l’homme, de l’origine de l’art que de l’origine du désir.

 

Marion Vasseur Raluy, novembre 2017

 

Horaires

les mercredis, samedis et dimanches de 14h à 18h30

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Les Bains-Douches 151 avenue de Courteille 61000 Alençon France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022