NIRRIVIK(S) de Pierre-Jean GILOUX.

NIRRIVK(S)

La pratique proteiforme de Pierre-Jean Giloux construit un univers complexe de reprises et d’assemblages d’éléments hétéroclites provoquant ainsi des suites visuelles. Des enchaînements qui, inévitablement, entraînent la quête du lien. Se met alors en place un climat narratif qui oscille entre réalité et imaginaire. Il propose des situations qui se nourrissent les unes les autres. Les modules s’agencent et se combinent pour ne présenter que des " étapes ". Des reliefs. Des moments prélevés. Une telle attitude instaure chaque pièce, chaque exposition comme autant de stations d’un toujours mouvant work in progress.
Cette logique d’assemblage, de stratification et d’appropriation se répercute dans la fabrique même des " objets " donnés à voir. Quelle que soit la forme adoptée -photographie, sculpture, vidéo ou film d’animation, ils sont de véritables bricolages visuels et sonores, mixages de matériaux readymade et composés, associations d’images analogiques et synthétiques...
L’exposition Nirrivik(s) met en scène cette logique et l’exacerbe. Plusieurs films sont montrés dans l’espace de la galerie. Construits à partir de la même légende Inuit, ils en constituent autant de représentations, autant d’interprétations. Autant d’états indépendants et néanmoins intimement liés. Ils se brouillent et se contaminent. Ils dialoguent, se font écho, se contredisent. Les écarts mis en place par la dynamique différence/répétition contribuent à créer un nouvel état de cet épisode de la mythologie du Grand Nord.
Ce parcours dans le feuilleté de l’image, se bâtissant par strates d’appropriations successives, résonne pleinement avec le fonctionnement même de la pensée mythologique.

Frank Lamy, Août 2002