Ostranénie !
Au début du XXe siècle, les formalistes russes font de l’estrangement une opération-clé de l'art et de la littérature : « Le procédé de l’art est le procédé d’"estrangement" des objets, procédé qui consiste à compliquer la forme, qui accroît la difficulté et la durée de la perception, car en art, le processus perceptif est une fin en soi et doit être prolongé. L’art est un moyen de revivre la réalisation de l’objet, ce qui a été réalisé n’importe pas en art. » (L’art comme procédé, de Victor Chklovski, rééd. Allia) En ce qu’elle vise à soustraire ce que nous vivons, voyons, sentons au « monde de la perception automatisée », la défamiliarisation constitue « un antidote efficace à un risque qui nous guette tous: celui de tenir la réalité (nous compris) pour sûre. » (Carlo Ginzburg)
Ostranénie évoque un pays où chaque entreprise constitue un « estrangement », chaque geste, un commencement et une avancée. La difficulté y est naturelle et mène à la simplicité : elle nous met face à la sensation des choses qui fait de la pierre une pierre, d’une chose une chose, un brin d’herbe un brin d’herbe. C’est alors qu’une chose devient la même et une autre, nouvelle, multiple dans ses usages ou ses aspects.Orange Rouge emmène les artistes dans une expérience d’estrangement et les artistes à leur tour emmènent les élèves à s’estranger de leur quotidien scolaire, dans lequel ceux-ci sont, en quelque sorte, comme des nomades voyageant d’une classe à l’autre, au sein de leur collège. Mot à mot, pas à pas, heure après heure, une succession de gestes devient une chaîne d’opérations.
L’exposition Ostranénie ! se fait l’écho des onze aventures artistiques d’Orange Rouge qui se sont déroulées en 2016.
Anne Bonnin
Tarifs :
GratuitComplément d'information
Commissaires d'exposition
Artistes
Autres artistes présentés
Florian FOUCHE
Anne-Lise SEUSSE
Ève CHABANON