PAVLOS, Dans la vie on a toujours besoin d’un balai

Exposition
Arts plastiques
sobering Paris 03

PAVLOS, « Dans la vie on a toujours besoin d’un balai »

PAVLOS, « Dans la vie on a toujours besoin d’un balai » 

 

C’est au début des années 60, « face à la logorrhée abstraite qui s’est emparée de la peinture »1, que Pavlos décide de s’orienter vers un matériau « objectif ». Après avoir découvert les affiches du métro parisien, le peintre entame son travail de sculpture en utilisant des affiches massicotées recueillies auprès d’imprimeries.

Si Pavlos se distingue des affichistes du Nouveau Réalisme, c’est parce qu’il choisit de travailler la tranche du papier. Pierre Restany a d’ailleurs écrit qu’« on croyait que tout avait été dit sur l’affiche jusqu’au jour où Pavlos apparut. »2  En effet, ce dernier révèle la chair d’un matériau aux « possibilités d’expression infinies »3.

L’artiste « coupe [le papier imprimé], le tord, mais ne le froisse jamais »4, au contraire, il est parfois contraint par le mouvement dicté par la matière. 

En marge du retour au réel (Pop Art) et de la « nouvelle approche perceptive du réel »5 (Nouveau Réalisme), la démarche de Pavlos « n’est pas dogmatique et ne suit aucun programme. Elle consiste juste à dire : ‘‘Regardez ! Ici aussi il y a de la beauté !’’ »6

C’est à partir de 1966, après que Pavlos eut terminé sa série Baroque, qu’il commença à suggérer dans ses œuvres les structures d’objets du quotidien. « Soulignant la similarité des rythmes des bandes d’affiches massicotées et d’un dessin implicite, il organise leur répartition sur la toile jusqu’à faire coïncider le mouvement du papier avec l’image d’objets du monde réel. »7

 

« Dans la vie on a toujours besoin d’un balai » ne confine pas l’objet à sa stricte utilité, au contraire, l’exposition invite à découvrir les objets biographiques de Pavlos. Leur représentation le « rapproche curieusement davantage de l’humain que [s’il] cherchait à le représenter directement. »8 En concrétisant les images mentales de l’objet, l’artiste met l’universalité de l’objet en regard de son individualisation. C’est ainsi que « la relation intime sujet/objet [dépasse] le seul rapport technique et gestuel. »9 A ce titre, Pavlos explique que lorsqu’« un objet [lui] fait penser à quelqu’un, [il est] beaucoup plus près de cette personne que lorsqu’elle se trouve en face de [lui]. »10

 

Malgré la variété des objets quotidiens, aussi « nombreux […] [que] les espèces naturelles peuplant le monde »11, la sélection de l’exposition s’est portée sur des œuvres de Pavlos représentant des objets à la charge intimiste. Certes, ces témoins de l’humaine condition soutiennent nos habitudes, mais parfois ils dépassent le champ fonctionnel pour gagner l’affection, symboliser un souvenir et formaliser des aspirations. Les œuvres de Pavlos contiennent tous ces aspects, et plus encore. Pavlos ne réinvestit pas seulement le réel par l’objet, il réussit « à refaire le monde. »12

 

  1. 1. Catalogue de l’exposition Pavlos, 30 ans de papier, Chapelle de la Sorbonne, Editions Lannoo Tielt, 1992, préface de Daniel Abadie.
  2. 2. Ibid. Citation de Pierre Restany, p. 60, après le salon des Réalités Nouvelles (1963).
  3. 3. Ibid. Citation de Pavlos, p. 60,
  4. 4. PAVLOS, Chirossophos, Collection « L’art en écrit », Editions Jannink, 2006
  5. 5. Définition du Nouveau Réalisme par Pierre Restany (Premier manifeste, octobre 1960 / 40° au-dessus de dada, juin 1961).
  6. 6. PAVLOS, Chirossophos, Collection « L’art en écrit », Editions Jannink, 2006
  7. 7. Catalogue de l’exposition Pavlos, 30 ans de papier, Chapelle de la Sorbonne, Editions Lannoo Tielt, 1992, préface de Daniel Abadie.
  8. 8. PAVLOS, Chirossophos, Collection « L’art en écrit », Editions Jannink, 2006.
  9. 9. BONNOT, Thierry, L’Attachement aux choses, CNRS Editions, coll. « Le passé recomposé», 2014, 240 pages.
  10. 10. PAVLOS, Chirossophos, Collection « L’art en écrit », Editions Jannink, 2006.
  11. 11. BOUDON, Pierre, Sur un statut de l’objet : différer l’objet de l’objet, Communications Année 1969 Volume 13 Numéro 1 pp. 65-87. Fait partie d'un numéro thématique : Les objets.
  12. 12. Catalogue de l’exposition Pavlos, 30 ans de papier, Chapelle de la Sorbonne, Editions Lannoo Tielt, 1992, préface de Daniel Abadie.

Complément d'information

PAVLOS
« Dans la vie on a toujours besoin d’un balai »
14 décembre 2016 – 11 février 2017
Vernissage le 14 décembre 2016, de 18h à 21h

Horaires

mardi-vendredi: 10h-12h45 / 14h-19h samedi: 11h-12h45 / 14h-19h

Adresse

sobering 87 rue de Turenne 75003 Paris 03 France

Comment s'y rendre

 Adresse :
sobering galerie
87 rue de Turenne
75003 Paris
 Metro :
Saint-Sébastien-Froissart ( ligne 8 )
Filles de Calvaire ( ligne 8 ) 

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022