Performances

Rainer Maria Rilke, dans une lettre adressée à Clara Rilke déclare que « les œuvres d’art sont toujours les produits d’un danger couru, d’une expérience conduite jusqu’au bout, jusqu’au point où l’homme ne peut plus continuer [...]. L’œuvre d’art est liée à un risque, elle est l’affirmation d’une expérience extrême ». Dans les années 1960, une nouvelle forme d’art apparaît : la performance. Les œuvres rassemblées sous cette dénomination, dont la définition est plurielle, présentent des démarches et des enjeux différents mais toutes s’accordent sur un point : c’est le corps (celui de l’artiste le plus souvent) qui en est le principal matériaux, instrument, support et vecteur de création, celui qui est mis en scène. La performance contient une dimension physique et psychologique élaborée par l’artiste et perçue par le spectateur. Réalisés entre 1968 et 1975, les dessins de Micha Laury décrivent les diverses postures de l’artiste en situation d’enfermement et de performance. Ses projets, esquissés au stylo ou au crayon, rehaussés d’aquarelle et d’encre, procèdent d’une certaine urgence : celle de témoigner d’expérimentations qui sont à venir ou qui sont en attente des conditions propices à leur réalisation. Ainsi, la projection de son propre corps dans ses dessins, procède d’une perception spatiale où l’étroitesse des lieux représentés pourrait tout aussi bien s’apparenter à celle de l’atelier de l’artiste qu’à celle d’une cellule de vie restreinte, presque carcérale. Les œuvres de Dennis Oppenheim traduisent une démarche différente. La pièce Push-Pull on Mud (1970) par laquelle l’artiste appose sa marque dans la terre, atteste d’une attention singulière pour « l’action en train de se faire », rendue par une photographie accompagnée d’un texte. Dès lors ce n’est pas le résultat qui est privilégié, mais la façon dont l’intervention s’inscrit dans une durée et un site particulier pour repenser le rapport du corps à l’espace physique et social et au temps. Dans un dessin plus tardif et de grandes dimensions, il présente l’étude d’une cage métallique : un buste contenant une tumeur en cristal. Le corps est ici à l’épreuve d’une maladie enfouie, prête à éclore.