portrait-empreinte

Volonté de figer un souvenir, envie d’échapper à la mort, le portrait est un genre ancestral. S’offrir au regard ou saisir le visage de l’autre a pris tout au long de l’histoire de multiples formes. Source d’une réflexion sur la représentation, les autoportraits et portraits de François Bouillon, Jean-Charles Blais ou James Brown sont autant de manières d’interroger notre quête d’identité. Au sein d’une pratique artistique riche en ramifications, François Bouillon réitère un même geste : marteler son ombre sur une épaisse feuille de plomb qui devient la matrice de frottages. L’artiste écarte l’autoportrait traditionnel. L’ombre martelée devient une forme englobante, un motif réinvesti avec les moyens du dessin et du collage. Nulle mimesis chez Jean-Charles Blais qui lui aussi utilise la tête comme motif. « Monochromes » vides, sans envers ni endroit, ces contours figurés appartiennent à chacun de nous. Ces portraits d’humanoïdes anonymes ont subi étirement, anamorphose et mutation spatiale ; ils se jouent de leurs bords et débords. Si les figures totémiques de James Brown laissent poindre quelques détails du visage, ses portraits brouillés à la gouache bleue en verrouillent l’accès pour affirmer que la « tête ne compte pas », selon les termes de l’artiste. L’illisibilité de la face désigne l’énigme et le repli d’un sujet rétif à tout face à face. Tous ces portraits s’opposent à l’individualisme, à l’analyse psychologique, à la déification du genre humain. Empreintes dans le plomb, silhouettes anonymes ou évocations semi abstraites, l’absence et la disparition désignent une humanité universelle.