Qui-Vive, Geoffrey Badel
Sa démarche est une tentative silencieuse de « faire langue » interrogeant notre interprétation du monde. Il doute sur notre façon de s’exprimer et de nommer les choses.
Cette attitude est apparue dès l’enfance puisque ses deux grands-parents sont sourds. De ce fait, il a été très tôt sensibilisé à une manière différente de faire sens.
Ce fut sa première confrontation au silence, au langage et également à l’Autre n’ayant pas la même appréhension du monde que soi. Ces expériences l'ont mené vers des réflexions sur l’identité, l’altérité et la perception sensorielle.
L’artiste travaille en étroite relation avec les choses passées.
D’anciennes feuilles de papier décelées dans des archives, des greniers ou des puces deviennent le support de ses dessins. Les lieux désignés comme hantés et paranormaux deviennent le contexte de ses performances, retranscrites ensuite en photographie ou en vidéo.
Le choix de cette pratique s’explique par une volonté de se laisser guider par le vécu du support et du contexte pendant le processus de création.
Il cherche à ré animer les fantômes du passé à travers un réceptacle ; qu’il soit geste, matière, trait ou son.
Puisant ses références sur tout ce qui touche à la magie, au paranormal, à l’ethnographie et aux croyances populaires, il s’approprie et embrouille des codes visuels et gestuels afin de composer et révéler une autre réalité, un entre-deux, où la frontière entre expériences empiriques et situations irrationnelles tend à disparaître.