(re)faire attention à l’avenir, une exposition du Cnap à Paris Photo

Pour la troisième année consécutive, le Centre national des arts plastiques (Cnap) s’engage aux côtés de Paris Photo pour soutenir les acteurs du champ de la photographie avec l’exposition (re)faire attention à l’avenir. Elle permettra de découvrir quelques-unes des dernières acquisitions du Cnap, à travers une sélection d’œuvres de cinq photographes emblématiques de la scène émergente française :  Sébastien Arrighi, Louise Desnos, Nina Ferrer-Gleize, Gilberto Güiza-Rojas et Carly Steinbrunn.  Le travail de ces artistes entre pour la première fois en collection publique. N’étant pas encore représentés en galerie, leur présence à Paris Photo s’impose, et réaffirme de surcroît l’engagement des deux institutions en faveur des artistes émergents de la scène française.

Des œuvres autour des préoccupations des temps présents  

Les cinq projets sont rassemblés autour d’enjeux qui parcourent nos sociétés à l’époque contemporaine.  Tandis que Louise Desnos met en lumière le rôle de la représentation comme vecteur d’empouvoirement féminin avec le portrait qu’elle réalise de Nadine, issu de la série Femmes sous influence, Carly Steinbrunn examine le rapport de l’homme à son environnement, à travers une réflexion sur le médium photographique comme outil de connaissance scientifique. Nina Ferrer-Gleize et Gilberto Güiza-Rojas conçoivent des mises en scène théâtrales dans lesquelles le corps, instrument du travail productif, est ici performé comme lieu de résistance. Enfin, Sébastien Arrighi explore les imaginaires qui jalonnent la Corse, à travers des images vernaculaires qui témoignent du rapport intime que l’artiste entretient avec son île natale. Cette sélection révèle ainsi le pouvoir de la photographie à traduire en images les problématiques des temps présents.

Une « Conversation » donnera la parole aux artistes exposés. 

Les artistes 

Louise Desnos

Louise Desnos initie une pratique photographique instinctive en autodidacte avant de se former à l’école Nationale Supérieure des Arts Décoratifs dont elle sort diplômée en 2017. Sa pratique entretient un rapport paradoxal et poétique avec le hasard quotidien. Son regard se porte sur des détails, des matières et des surfaces, des corps, des identités et des territoires. Captant ou provoquant des situations et terrains de jeu fertiles à la production d’images, elle construit ses séries en se penchant sur ses doutes et ses songes épars, en photographiant ce qui l’intrigue et qui l’attire de façon instinctive : des éléments aléatoires – signifiants et insignifiants. Son travail interroge ainsi aussi bien les notions de paresse et de mélancolie (Acedia), que celles d’identités et de genres (Femmes sous Influence) ou de la photographie elle-même (Scroll, en collaboration avec Sophia Taille).

Sébastien Arrighi 

Sébastien Arrighi travaille sur des projets photographiques se déroulant aussi bien dans des milieux qui lui sont familiers qu’étrangers. L’itinérance, associée à la prise de vue, lui permet de voir le monde au-delà de l’intellect et de questionner d’où les choses procèdent. Il cultive une production documentaire qui oscille entre réel et fiction, renversant des sujets triviaux, en récits énigmatiques. Diplômé de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence avec les félicitations du jury, Sébastien Arrighi est le président et fondateur du festival de photographie Mascarone lab à Bastelicaccia. En 2020, son travail sur la Méditerranée Shivers, reçoit l'aide du Cnap pour la réalisation de sa première monographie, parue en 2022 aux éditions Poursuite.

Nina Ferrer-Gleize 

Photographe, autrice et chercheuse, sa pratique fait se rencontrer images et textes dans le champ de la création documentaire, mais également du côté de la recherche théorique et critique, dans les domaines de la littérature et des sciences humaines. En 2021, elle a achevé un doctorat de création à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles et Aix-Marseille université, après 4 ans de travail autour du monde agricole et ses représentations. L’œuvre de Nina Ferrer-Gleize repose sur l’écriture comme résistance, voire comme refus. Tout commence lorsque son oncle, agriculteur de moyenne montagne dans le centre de la France, refuse de signer un contrat de vente de son lait avec Danone alors qu’il continue pourtant à livrer régulièrement sa production à l’entreprise. Le refus de signature étant l’expression d’une prise de liberté, Nina Ferrer-Gleize conçoit dès lors son travail photographique en collaboration avec son oncle.

Gilberto Güiza-Rojas 

L’ensemble de la démarche de Gilberto Güiza-Rojas cherche à approfondir, par la voie de la performance et d’une exploration gestuelle avec les travailleurs et les travailleuses, la problématique du travail manuel parfois précaire et invisibilisant. L’artiste crée des espaces de représentation où les participants à ses projets peuvent devenir des actrices ou des acteurs et prendre part de la construction de la mise en scène. Chaque série photographique ou vidéo utilise une stratégie différente de représentation, issue d’une part des spécificités tangibles du métier, d’autre part du récit subjectif qu’en font les travailleurs et travailleuses. Gilberto Güiza-Rojas est lauréat en 2021 de la bourse de Soutien à la photographie documentaire contemporaine du Centre national des arts plastiques (Cnap) et en 2018 de la commande photographique nationale des Regards du Grand Paris, portée par les Ateliers Médicis et le Cnap. 

Carly Steinbrunn 

Touchant aux domaines de la géographie, de la botanique, de l'anthropologie et de la zoologie, l’œuvre de Carly Steinbrunn interroge les diverses approches du registre scientifique et l'histoire de la photographie. A travers son travail, elle souhaite remettre en question la transparence du médium selon lequel une photographie est à la fois un indice de la réalité et une fabrication. Elle crée Le Garage en 2010, une structure qui réunit des artistes et commissaires d’exposition s’impliquant dans les champs du livre d’artiste et de la photographie contemporaine. A Matter of Chance interroge l’usage du médium photographique comme outil d’enregistrement neutre dans le champ de la connaissance scientifique au 21e siècle, à l’ère de la culture de l’écran. Ces images questionnent le rapport de l’homme à son environnement, et son désir de le maitriser, le mesurer, le cataloguer, et finalement le transformer en produit marchand.

PhotoSaintGermain

Le Cnap s’associe également du 2 au 25 novembre au festival PhotoSaintGermain pour une l’exposition Lire les lignes du monde à la Galerie du Crous qui présente de cinq artistes ayant bénéficiés du soutien à la photographie documentaire : Coline Jourdan, Amélie Labourdette, Leslie Moquin, Marie Quéau et Maxime Riché. 

Pour en savoir plus

Le Cnap, acteur engagé pour la photographie 

L’institution mène une politique active de soutien auprès des photographes, artistes et professionnels de la photographie grâce à des dispositifs de soutien à la création, comme celui dédié à la photographie documentaire contemporaine. Il enrichit également sa collection via des processus d’acquisitions et de commandes publiques, participant ainsi directement à l’économie du secteur. A l’initiative de prêts et de dépôts d’œuvres ainsi que de programmation d’expositions, le Cnap contribue à la diffusion et à la valorisation de la photographie contemporaine dans toute sa diversité.