RITA MERCEDES

D’où viennent les étranges dessins rassemblés dans cette exposition et l'ouvrage publié aux éditions Cornélius ? Certains prétendent qu’ils auraient été créés par une dénommée Prody Pierce à partir de carnets de notes et d’esquisses trouvés dans une mystérieuse malle. D’autres supposent qu’il s’agirait d’une rocambolesque histoire de plagiat entre deux artistes rivaux. Une autre rumeur affirme quant à elle que ces représentations serviraient simplement de support d’interprétation à l’usage de psychologues déjantés...

À l’instar d’un trésor antique exhumé sur le site archéologique d’une civilisation disparue, cette série d’illustrations conserve tous ses secrets. Plus personne ne parle désormais l’énigmatique langage qui se déploie au fil des pages. Les individus préservent leur anonymat, les scènes leur impénétrabilité. De l’ensemble naît un monde flottant, une ambiance feutrée au goût d’entre-deux qui n’aurait rien à envier aux tableaux de Magritte ou aux dessins de Topor et de Bill Plympton. Dans ce microcosme vaporeux où les corps se déforment et se mystifient, il faut accepter d’abandonner son bon sens pour savourer l’imposture.

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Artiste, autrice, illustratrice ou personnage fictif,
mais qui est donc Rita Mercedes ?

On raconte que cette grande amatrice du brouillage de pistes serait née sur une planète miroir de forme ovoïde où vivent ectoplasmes et entités plus ou moins humanoïdes, cherchant à se réincarner dans notre monde. Sensibilisée depuis son plus jeune âge à la terrible condition de ces existences flottantes, elle s’évertue depuis à leur offrir une réalité palpable via de rares ouvrages. À la suite d'études en forme de carré et de triangle, elle se met à transmettre ses compétences géométriques dans une école d’architecture à Paris. Mais les perspectives se tordent et se déploient dans l’esprit de Rita et, très vite, elle ne peut s’empêcher de propager les phénomènes inexplicables qui habitent son esprit. Après La vie des américains et Mardi Gris, deux recueils de dessins paranormaux publiés respectivement en 1981 aux éditions Artefact, puis en 1996 chez Jean-Pierre Faur, elle récidive en 2013 avec Les Incrustacés, une bande dessinée aquatique peuplée de créatures abyssales pour L’Association. Avec Les assises de l'imposture - son quatrième livre en quatre décennies - cette artiste rare rejoint en 2023 le prestigieux catalogue des éditions Cornélius.