Résultats 2021

Soutien à la photographie documentaire contemporaine

53 lauréats ont bénéficié en 2021 du soutien à la photographie documentaire contemporaine, à la suite de la commission dédiée qui s’est déroulée le 18 mai. 

Cyril Abad et Eugénie Baccot

La métaphore du KRATT

Ce projet photographique à quatre yeux est destiné à mieux comprendre le rapport intime des estoniens à la nature au travers de leurs croyances païennes d'une part et leur relation de plus en plus fusionnelle avec les technologies dans un pays entièrement digitalisé (99% des services gouvernementaux sont en ligne).

Avec la disparition de l’occupant soviétique, les rituels folkloriques et païens ne se sont jamais aussi bien portés en Estonie. Aujourd'hui 61% des Estoniens pensent que le néo-paganisme est la « vraie » religion du pays. C’est donc tout naturellement que le gouvernement décide de faire référence au Kratt (créature magique de la mythologie païenne estonienne née du foin et des objets ménagers abandonnés) pour sensibiliser le grand public à la notion d’intelligence artificielle et permettre d’engager le débat sur le statut de cette AI.

Ce projet vise aux travers de différents dispositifs photographiques originaux à illustrer cette métaphore du Kratt.

Mathieu Asselin

L’industrie européenne de l'armement et la crise des réfugiés (titre provisoire)

En mettant l’accent sur le secteur de l’armement européen, acteur majeur de la crise migratoire actuelle, l'artiste souhaite proposer un travail photographique rendant compte des inégalités et des déséquilibres de cette problématique et livrer ainsi une critique directe et articulée des structures de pouvoir et de la violence corporative qui les alimentent.

Raed Bawayah

L'obscurité de la lumière

Texte à venir

Benjamin Bechet

Vertacomicoriens, les natures de l'homme

De nouvelles perceptions de la nature émergent et nous donnent à penser un autre lien à la terre. Mais entre producteurs et protecteurs le malentendu est profond : « la manière dont l’Occident moderne se représente la nature est la chose du monde la moins bien partagée ».

Sur la scène : un parc naturel régional qui gère et préserve la plus vaste réserve naturelle terrestre de France. Et voici les personnages : des citoyens qui achètent des forêts pour les mettre en libre évolution, des naturalistes amateurs qui souhaitent la réintroduction d’espèces disparues, des chasseurs, des forestiers et des exploitants agricoles qui défendent un mode de vie qu’ils jugent nécessaire et légitime.

Dans le public, une population rurale traditionnelle et des néo-ruraux à la recherche d’une nature préservée et d’un climat social apaisé. Le Vercors ne pourrait-il pas être le lieu d’une « poétique de la nature renouvelée » ?

Julie Bourges

La main de la sorcière

Ce projet est l'histoire de la rencontre de l'artiste avec Cécile, une jeune charpentière de marine qui ressuscite les bateaux rongés par le temps. C’est aussi celle de la découverte, quelques heures plus tard, d'un corail aux branches comme des doigts boursouflés de verrues qui porte ce surnom évocateur. De cette coïncidence est né un récit allégorique autour des questionnements de cette jeune femme passionnée par son métier et à la volonté farouche d’exister dans un monde d’hommes. 

Julie Bourges souhaite aujourd'hui réaliser le portrait d'autres femmes qui ont la mer pour vocation : des marins-pêcheurs, des navigatrices, etc... Elle a choisi la figure de la sorcière pour accompagner ces histoires de femmes parce qu'en plus d'ouvrir le chemin de l'imaginaire, ce personnage questionne la place des femmes dans la société.

En choisissant de construire sa série comme un récit mythologique mais avec des personnalités très contemporaines, elle cherche à raconter des récits initiatiques d’aujourd’hui, capables de résonner avec nos choix de vie et notre place dans le monde. 

Anne-Lise Broyer

Est-ce-là que l'on habitait ? — Méditerranée

Ce projet est un voyage dans le temps (passé et présent) et dans les mémoires (intimes et politiques) autour de la Méditerranée. Ensemble de photographies et de plans fixes vidéo, la série rejouera une histoire dont les rivages de la mer portent l’empreinte.
Ce projet est un écho au film adoré, Méditerranée de Jean-Daniel Pollet, véritable plongée aux sources méditerranéennes de notre civilisation tout en créant une équivalence avec la pensée en tant que lieu où se fabriquent les associations du langage poétique.

Cédric Calandraud

Le reste du monde n’existe pas

Ils s’appellent Anthony, Océane, Loïck, ils ont entre 14 et 28 ans et habitent les villages d’une France éloignée des comptoirs de la mondialisation, au cœur des plaines Charentaises. Comme beaucoup d’autres régions rurales françaises où les touristes ne s’aventurent pas, leur territoire est sinistré par la fermeture d’usines, la disparition du monde paysan, le désengagement de l’état des services publics, la faillite des commerces de proximité. Ici, à la fin de l’adolescence, on assiste à l’éclatement d’une génération avec environ un tiers des jeunes qui partent vers la ville. Depuis deux ans, l'artiste revient dans l’est de la Charente, sur les terres de son enfance et de son adolescence, à la rencontre de ceux qui restent.

Philippe Chancel

L'Afrique à l'Ouest (titre provisoire)

Pour ce nouveau projet, l'artiste souhaite explorer 7 pays de l’Afrique de l’Ouest. Ces états aujourd’hui indépendants, furent pendant 60 ans les colonies de l’Afrique Occidentale française (A.O.F). On commémore aujourd’hui, comme par effet de miroir, les 60 ans de ces régimes post-coloniaux. Ces pays certes souverains, restent souvent liés politiquement et économiquement à ces anciens occupants. L’une des causes étant, l’attitude toujours ambiguë et opaque de la France dû à ses appartenances antérieures, qualifiées de Françafrique. 

L'artiste souhaite aller à la rencontre d’une Afrique qui veut échapper à ses démons du passé et tenter d’y voir les réalités de son avenir, de ses croyances, débarrassée des perspectives occidentales, entre nature et culture. Elle ne pourra se voir que sous le prisme du voyage immersif, afin d’y saisir les découvertes suscitées par le terrain, à travers les rencontres des êtres et des choses dans toute leur diversité.

Arthur Crestani

Plaine de France

Plaine de France est un projet photographique conduit depuis 2018 au gré de marches à travers le département de la Seine-Saint-Denis. Le projet commence comme un jeu de piste dans le territoire de la Plaine Saint-Denis, au Nord de Paris : entre le Stade de France et les studios de télévision de la Plaine, l’espace apparaît comme le lieu de fabrication des mythes du tournant des années 2000, le temps de l’enfance banlieusarde d’Arthur Crestani. Les premières photographies interrogent la Seine-Saint-Denis comme espace-décor, lieu ayant la capacité à susciter des fantasmes médiatiques. Les chantiers de renouvellement urbain à la lisière d’Aubervilliers et de Saint-Denis soulignent la requalification des espaces post-industriels délaissés. Entre projets immobilliers et mises en scène publicitaires,le territoire serait une feuille blanche, un écran sur lequel se projettent des représentations, un espace polymorphe sujet à métamorphoses selon les regardeurs. Le projet porte alors encore le nom de Spéculaires : il se saisit du territoire comme métaphore visuelle, surface réfléchissante, brillante, miroir déformant de la société française. Le temps du projet coïncide avec l’entrée dans l’ère du Grand Paris, marqué par l’horizon des Jeux Olympiques de Paris 2024, acmé spectaculaire et accélérateur des transformations urbaines. 2024 est une urgence, une imminence : cette année marquera l’achèvement du projet.

Viviane Dalles   

L’homme et la rivière Cévennes, France (titre provisoire)

Nous sommes le 19 septembre 2020. Ce matin-là, sur le versant sud du Massif Central, est prévu un épisode cévenol. Ces orages extrêmes font partie du rythme de cette région. Le ciel est sombre, le bruit sourd de la pluie gronde au travers des murs épais de notre maison. C’est un véritable déluge. A Valleraugue dans le Gard, où l'artiste vit, la rivière, l’Hérault, s’est métamorphosée en un torrent atteignant plus de 5 mètres de haut, déclenchant des crues éclairs d'une ampleur rarissime, entrainant des dégâts colossaux et modifiant les paysages.

Les premiers jours, les pompiers, l’armée, des bénévoles viennent prêter main forte. La reconstruction commence ; elle sera longue. Cet épisode cévenol est le point de départ de sa réflexion sur l’étroit lien entre l’Homme et la Rivière. Les Cévennes, terre de refus et de refuge, est peuplée d’hommes et de femmes qui ont su conquérir avec patience cet environnement coriace. Le maraîcher, l’artisan, l’agriculteur, le riverain, le fermier, le bûcheron, l’exploitant… Tous ceux pour qui la rivière fait partie de leur vie, vont devoir panser cette blessure. Ce sont les saisons qui donnent la cadence aux activités, aussi, elle entreprend de sillonner pendant un an la Haute Vallée de l’Hérault (Gard) à la rencontre de ses habitants.

Julien Daniel

Die Deutschen (les Allemands)

Ce projet documentaire vise à faire le portrait de la jeune génération allemande, née avec la monnaie unique et l’effacement des frontières.

Au lendemain de seize mois de pandémie de Covid-19 et à la veille des élections législatives dans le pays qui verra la chancelière Angela Merkel quitter le pouvoir après seize ans à la tête du pays, il s’agit de sonder cette génération, d’entendre leur voix et de réaliser leur portrait.

Pour réaliser ce projet, le photographe ira rencontrer la jeunesse dans les grandes villes d’Allemagne et dans des communes allemandes jumelées avec des villes de Seine-Saint-Denis, illustration concrète et vivante de la relation franco-allemande.

William Daniels

PRIMEVALE (titre provisoire)

Il faudrait 7 à 10 siècles pour qu’une forêt primaire, touchée par l’homme, se reconstitue, selon le botaniste Francis Hallé. Une éternité à notre échelle, alors que 80% des forêts primaires de notre terre ont disparu au cours du siècle dernier. L'artiste voit dans la fragilité de ces forêts un lien intime avec la fébrilité de l’homme qu'il photographie depuis plusieurs années.

Son projet est de réaliser un inventaire photographique à la chambre argentique de format 4 x 5 de 3 forêts primaires sur 3 continents : la forêt tempérée d’Incomappleux, au Canada, la forêt tropicale de Vohibola, à Madagascar et la forêt boréale de Dvinsky, en Russie.

Le projet, une fois réalisé, est prévu d’être exposé lors d’une installation en France

Olivier de Sépibus

D'un désert l'autre, Alpes en mutation

Les hautes montagnes alpines sont déjà à 2°C de réchauffement climatique : elles sont à l'avant-poste de ce qui est train de se passer en plaine. 

Depuis 2004, l'artiste arpente les hautes montagnes alpines et photographie la disparition des glaciers dans son projet nommé Montagne défaite. La fin des glaciers alpins est autant une catastrophe écologique qu'une catastrophe du récit. Plutôt fasciné par la banquise et les calottes glaciaires, notre société n'envisage pas la disparition de ce qui était alors désigné comme des « neiges éternelles ». Montagne défaite témoigne de ses arpentages sur ce territoire en pleine mutation. Il envisage ce phénomène en adoptant ce que Bruno Latour nomme « un point de vie », non plus « un point de vue ». 

D'un désert l'autre est la suite de Montagne défaite. Les scientifiques annoncent la quasi disparition des glaciers alpins d'ici 2050 : d'un désert de glace à un désert de pierre, cette fonte, cette disparition sont autant d'effondrement de symboles, de projections, de représentations, de comportements, de pratiques, de savoir-faire, de compétences. D'un désert l'autre sera le récit d'un territoire à venir, même s'il est indésiré, c'est celui avec lequel vivront nos enfants. 

Véronique de Viguerie

Le taliban inconnu

L'artiste a vécu 4 ans en Afghanistan et y retourne depuis plusieurs fois par an. En 2005, elle s'est retrouvée victime d'un attentat suicide à Kaboul. Le kamikaze était un taliban. Survivante mais choquée, elle a développé une obsession : rencontrer des talibans pour essayer de comprendre. Après des mois de négociations elle a pu enfin en approcher. Elle s'attendait à voir des monstres mais n'avait face à elle que des êtres humains. Elle a fait le portrait d'un taliban aux yeux verts, un lance-roquette sur l'épaule, qui a fait la Une de Newsweek et d'autres journaux. L'an dernier, elle est tombée par hasard sur une énorme reproduction de la photo stylisée, son lance-roquette avait été changé en crayons de couleurs, symbole de paix malgré lui, sur une palissade de béton anti-attentat à Kaboul. Elle a décidé de le retrouver 15 ans après.
Adaptant leur image au grès de leurs besoins, menaçants voire dangereux quand ils sont en négociation, rassurants quand il le faut jusqu'à parfois paraitre candides et inoffensifs après des attaques particulièrement monstrueuses les Talibans savent très bien jouer de leur image. L'artiste souhaite développer sur un temps plus long que celui du photojournalisme, les rencontres sur place avec d’autres talibans.

Amélie Debray

Lesbos

Les habitants de Lesbos, cette île grecque si proche de la Turquie qu’on peut parfois entendre les coqs chanter sur l’autre rive, ont d’abord fait preuve d’une grande générosité au début de la crise migratoire en 2015. Puis ils se sont lassés. Le camp de Moria, prévu pour 3 000 personnes en a contenu jusqu’à 13 000 avant de prendre feu. Aujourd’hui enfermés dans un autre camp, immobilisés parfois depuis plusieurs années dans l’attente de l’examen de leur demande d’asile, les migrants déclinent inlassablement leur identité, leur histoire, leur voyage, leur infernale odyssée contemporaine. Face aux obstacles quotidiens et à la lenteur des procédures, la fatalité finit par les submerger.

En mettant face à face habitants et migrants, à travers des photographies de rue, des séances de portraits, des moments dérobés, à la chambre, et au moyen format, le travail de l'artiste représentera, sans cliché ni naïveté, la vie quotidienne de cette promiscuité qui perdure.

Comment l’île et ses habitants perçoivent-ils cette cohabitation forcée. Le paysage humain de l’île s’en trouvera-t-il durablement modifié? Elle entend documenter à travers ce projet photographique cette transformation, sur cette île qui fut façonnée par plusieurs vagues de migrations.

Constance Decorde

WAP - We are protesting peacefully
La jeunesse birmane se mobilise pour sa jeune démocratie

En 2013, l'artiste est allée en Birmanie pour documenter la crise des Rohingyas à Sittwe dans l'Etat d'Arakan. Depuis cette date, elle souhaite y retourner pour réaliser un reportage documentaire au long cours, en particulier sur cette jeunesse qui se bat pour ses droits, thématique ancrée dans son travail photographique.

Dans ce pays d'Asie du Sud Est, 30% de la population a moins de 25 ans. Auparavant totalement hermétique et fermée, la Birmanie a commencé sa transition démocratique il y a un peu plus de 10 ans. Et à entrouvrir une fenêtre sur le reste de la planète avec notamment l'accès à internet, auquel on ne pouvait jusque-là avoir accès que de manière très limitée dans de rares cybercafés.

La génération Z a quant à elle toujours pu bénéficier d'un accès à internet relativement libre, et a ainsi pu entrer en connexion au-delà de ses frontières, et apprendre des militants pro-démocratie des pays voisins, comme la Thaïlande ou Hong Kong. Aujourd’hui, alors que l'armée Birmane a renversé le gouvernement d'Aung San Suu Kyi en février 2021, mettant fin à cette fragile transition démocratique, la jeunesse birmane s'est massivement mobilisée pour protester contre ce coup d'Etat.

Mahka Eslami

Les corps perdus de l'exil

Ce projet entend dresser le portrait de la condition de ces nombreux Iraniens qui, partis de chez eux viennent buter contre la Manche, errent souvent longtemps sur les rivages des alentours de Calais, avant de tenter la traversée pour l'Angleterre, réussir parfois, échouer souvent et pour quelques-uns, y perdre la vie. Comme la famille Iran-Nejad, noyée l’automne dernier, dont le destin tragique sera l’épine dorsale de ce récit documentaire.

Arpenter, confronter et faire dialoguer les territoires, à la fois celui où vagabonde cette communauté d'infortunés à la pointe nord de la France, et le berceau de leur exil en Iran. Recueillir les récits de la route qui les relie. Ausculter ce que ce périple fait aux corps de ceux qui s'y livrent, qui disent parfois ne pas se reconnaître dans le miroir après des semaines d'errance. Sonder les paradoxes de cette route si dure et cruelle dans un sens, dont les frontières peuvent se faire si poreuses dans l'autre, notamment pour les morts que l'on renvoie à la terre du pays qu'ils ont voulu quitter.

En retissant photographiquement les relations entre ces deux extrémités d'un exil où s'engouffrent de plus en plus d'Iraniens de sa génération, l'artiste voudrait fixer quelque chose de cette figure très contemporaine d'une identité en mouvement, dans l'espace mais aussi dans sa chair, et ce qu'elle imprime en retour à des territoires où tous croient ne faire que passer mais errent parfois longtemps, jusqu'à y prendre racines.

Morgan Fache

France d’outre-mer

Que représente le fait d’être descendant de colons dans les territoires français d’Outre-mer d’aujourd'hui ? Quel rôle joue l’histoire du peuplement initial de ces territoires dans la construction de leurs identités actuelles ? Ces questions sous-tendent le projet photographique documentaire que l'artiste souhaite développer entre La Réunion, La Martinique et la Nouvelle-Calédonie.

Ce projet vise à enregistrer la survivance de marques d’un empire colonial disparu à travers le prisme des communautés des descendants de colons européens : Créoles blancs à La Réunion, Békés aux Antilles et Caldoches en Nouvelle-Calédonie.
Leurs parcours intimes, leurs suites familiales, permettront d’aller chercher dans l’image l’inscription d’une histoire identitaire.

Bruno Fert

PASSAGES

Les sites que l'artiste photographie se trouvent sur des routes migratoires aux frontières de l’Europe. Au travers du projet Passages, il s’efforce de faire parler ces lieux : d’y déceler les traces laissées par le passage de milliers d’hommes et de femmes.
Il a amorcé ce projet en 2018 en Méditerranée, en Grèce, en Italie et en France : quelques cailloux regroupés dans une forêt de Samos témoignent de trajectoires de vies interrompues ; une date et quelques mots tracés au charbon sur les murs d’une maison abandonnée à la frontières franco-italienne.

Il souhaite réaliser à Calais, une nouvelle étape de son projet Passages. Plus qu’ailleurs en Europe, les paysages y sont transfigurés par les politiques migratoires : plus 65 km de murs et de grillages longent les autoroutes, tout comme les accès au port ou au tunnel sous la Manche. D’autres barrières clôturent les terrains vagues ou tout ce qui pourrait servir de campement aux exilés. Ces installations constituent un labyrinthe insensé maintenant des milliers de personnes dans une situation intenable. 

En mêlant photographie, cartographie et témoignages, il propose de questionner ces espaces et d’en explorer les mutations.

Vanessa Gandar              

Les griffes de l'ours

Les griffes de l’ours s’intéresse à la pratique des jeux de ficelles chez les Premières Nations et Inuits du Québec. Ce projet photographique documentaire a pour objectif de rendre compte, à l’image des jeux de ficelles, d’un tissu de rencontres et de liens qui connectent les populations et leurs milieux, les êtres et les territoires, mais aussi de montrer en quoi ce « langage » pourrait devenir la représentation de messages actuels et vivants, une cartographie sensible.

La pratique des jeux de ficelle consiste à activer et transmettre des histoires par un jeu d’entrelacs de mains et de boucles de ficelles en élaborant des formes et des motifs géométriques et graphiques qui évoquent tantôt des paysages, des animaux, des signes, des personnages ou des actions. Véritable langage fait de liens et de transmissions à travers le temps et les générations, les jeux de ficelle s’appuient sur des récits oraux qui connectent le passé et l’avenir, la terre et les vivants. Ils ouvrent des pistes de réflexion sur des manières d’habiter et entrent en résonance avec des problématiques environnementales, sociétales, coloniales qui affectent ces territoires et les populations.

Un parcours itinérant, de Montréal à Kuujjuaq, permettra à l'artiste d’aller à la rencontre de différentes communautés autochtones du Québec, de réaliser un ensemble photographique témoignant de l’imaginaire narratif qu’il y a autour de ces jeux de ficelles et de repenser la représentation des paysages.

Eric Garault       

Roça, un conte paysan

Ce projet donne à voir un Brésil méconnu, celui d’hommes et de femmes qui ne vivent que de l’essentiel dans une région autrefois très riche. Ce travail dresse le portrait de ces gens qui portent en eux la richesse de leur histoire et la frugalité de leur condition.

Aujourd’hui, le Brésil vit des heures charnières. Son gouvernement, sourd à la sauvegarde d’une nature parmi les plus riches au monde, flatte les immenses intérêts de l’agrobusiness et encourage la déforestation de l’Amazonie. Mais la déforestation, la transformation radicale des paysages et l’appauvrissement des terres remontent au dix-huitième siècle quand la raréfaction des filons d’or et de diamants poussa le pouvoir colonisateur à remplacer de nombreuses forêts par des plantations de café. Ce fut le cas dans le Minas Gerais, qui devint alors la plus riche région du pays, mais qui peu à peu vit ses grandes exploitations agricoles péricliter quand le Brésil perdit sa place de plus grand producteur de café au monde.

L'artiste a voulu découvrir le quotidien des petits paysans de cette région, oubliés de l’expansion économique brésilienne, dépassés par l’avancée du monde, et qui à leur façon inventent une manière de se lier aux rythmes de la nature, se hissant sans le savoir au rang d’éclaireurs d’un monde nouveau. Ils sont les représentants de ce que l’on appelle au Brésil la culture Caipira, la culture paysanne, ce mode de vie ancestral qui pourrait redéfinir un avenir durable.

Thomas Gauthier

Le champ des merles

Ce projet est un voyage au cœur des Balkans, un récit photographique, un regard personnel sur le Kosovo actuel. Il est un récit visuel navigant entre documentaire et vision contemplative et poétique afin d’éveiller, à travers la photographie, la curiosité sur une région méconnue d’Europe.

Gaëlle Girbes   

Intimes conséquences, histoires d'un conflit européen

Début 2017, l'artiste découvre en Ukraine, un conflit aux racines anciennes et complexe. Prise au piège, c’est toute une population qui est victime d’un jeu géopolitique qui la dépasse. Pour les soldats ou les civils, les conséquences de la guerre sont lourdes et mènent à une impasse inquiétante. De fait, l'artiste a choisi de photographier cette guerre et ses conséquences dans le pays. Témoigner des développements de ce conflit et de son impact sur les vies humaines est le travail documentaire qu'elle mène désormais depuis 4 ans. Cette approche lui semble indispensable pour mesurer pleinement la magnitude des séismes internes que déclenchent toutes guerres, dont l’amplitude dépasse son épicentre pour irrémédiablement et intimement briser des vies, impactant l’individu comme la nation dans son ensemble. Ce projet raconte ce monde étranglé par la pression de ce conflit, qui gît aux portes de l’Europe. Partant de l’individu pour représenter la nation formée par les citoyens, elle souhaite documenter ainsi la spirale complexe qu’entraîne toute guerre et dessiner la mutation qu’engendre le conflit dans cette jeune république, divisée entre son aspiration pour l’Europe et  les rémanences de l’époque soviétique. 

Julie Glassberg

Dekotora

L’inconnu produit facilement des images déformées dans l’esprit des gens. Pour cette raison, l'artiste a documenté diverses cultures underground bien souvent craintes ou incomprises. Découverte il y a quelques années, elle souhaite continuer le portrait de la culture Dekotora qui possède à la fois des caractéristiques attractives et répulsives : attractives grâce à toutes les décorations, les couleurs, les lumières; répulsives car cette culture est méconnue, au-delà de l’aspect visuel et les camionneurs ont une réputation négative. Le mot Dekotora est en effet le raccourci de “dekoreshon torakku”, la version japonaise de “decorated truck”. Cette culture a démarré dans les années 70. À l’origine, ces camions étaient peints pour des raisons publicitaires. Aujourd’hui, les régulations interdisent ces genres de décorations et les grandes entreprises veulent s’éloigner de l’image négative associée au Dekotora. Seuls les petits commerces continuent à utiliser ces camions excentriques.

Joseph Gobin

De l’Indochine au bocage

De 1954 à 1956, 30 000 Indochinois sont rapatriés en France suite à la défaite de Ðiện Biên Phủ. La plupart d'entre eux ont des attaches en Métropole et se dispersent d'eux-mêmes sur le territoire. Les autres, ayant tout abandonné en quittant précipitamment la « perle de l'Empire » sont pris en charge par l'administration. L'État les répartit entre deux anciennes poudreries militaires de Lot-et-Garonne et un petit village de l'Allier aux corons abandonnés. Soixante-sept ans se sont écoulés depuis que les premiers bateaux de rapatriés ont accosté à Marseille. C’est maintenant le moment idéal pour recueillir les témoignages des enfants d’hier devenus les grands-parents d’aujourd’hui.

Au-delà du récit du rapatriement en lui-même, l'artiste s’intéresse à la complexité d’une double culture et à la manière dont l’Histoire nous habite. Les Centres d’Accueil des Français d’Indochine (CAFI) sont aujourd’hui affectueusement appelés « petits Vietnam » et représentent le point d’accroche d’une génération ayant connu un déracinement forcé. 

Julien Goldstein  

Entrée, plat, dessert : nourrir 10 milliards d'humains en 2050

Ce projet de reportage photographique se demande :
- comment est produite l’alimentation aujourd’hui ?
- comment sera-t-elle produite en 2050, quand nous serons près de 10 milliards d'habitants?
- comment pourrait-on la produire autrement ?

Pour y répondre, l'artiste souhaite documenter la production de cinq aliments emblématiques des habitudes alimentaires mondiales : la tomate, le riz, le poulet, la banane et le café. Il partira à la rencontre d’agriculteurs et de chercheurs aux Pays-Bas, à Cuba et en Inde. Aux Pays-Bas, des ingénieurs misent tout sur les nouvelles technologies (serres chauffées, mécanisation, sélection génétique…) ; à Cuba, émerge une agriculture urbaine écologique qui pourrait devenir un véritable contre-modèle dont pourraient s’inspirer d’autres pays ; en Inde, agriculture high-tech et retour aux méthodes d’antan cohabitent – la surpopulation et le dérèglement climatique condamnent le géant asiatique au succès.

Florencia Grisanti Acevedo et Tito Gonzalez Garcia, collectif Ritual Inhabitual

ORO VERDE

À Chéran, une ville de 18 000 habitants, une révolte sociale a été initiée par les femmes en 2011 qui a réussi à expulser les narcotrafiquants, les partis politiques et les forces de l’ordre municipales. Depuis lors, les villageois ont fondé une communauté autonome qui place la protection de l'environnement au centre de son organisation politique.

Entre 2007 et 2011, les bucherons à la solde du cartel de « La familia Michoana » ont abattu illégalement les forêts primaires de Chéran afin d’y planter des avocatiers. Plus de 8 000 hectares de pins et de chênes ont ainsi disparu sous les tronçonneuses des narco-bucherons. L’avocat est une plante endémique du Michoacán et le Mexique est le plus grand exportateur d’avocats au monde avec 1,6 million de tonnes produites par an.

ORO VERDE est la tentative de restituer à la révolution un élément de l'imaginaire à travers une enquête photographique alliant documentaire et fiction. Les artistes élaboreront un travail parallèle entre enquête photographique traditionnelle (photographie documentaire) et des images poétiques de personnages fictifs qui interagissent (en studio ou en extérieur) avec des éléments du réel symbolisant les évènements politiques qui ont marqué cette ville. 

Emma Grosbois

Correspondances - Marseille

Ce projet interroge la figure de la ville et d’une ville : Marseille. L’enjeu de ce travail est de questionner nos rapports à l’espace urbain et ses représentations (qui sont les nôtres) ainsi que nos usages et politiques de l’image. Il s'agit d'articuler deux archéologies : celle des lieux (aussi bien intimes que publics) et celle du regard (et son hypothétique sujet). 

Gilberto Güiza Rojas

La commande, livraison deux-roues et plateformes numériques

Ce projet propose un regard sur le monde de la livraison deux-roues à l’époque des plateformes numériques. Depuis quelques années, les applications sont devenues indispensables dans notre vie quotidienne. Les événements tels que les confinements accélèrent ainsi notre usage de ces formes de commerce très simples, instantanées et dans l’air du temps numérique. Ces plateformes bénéficient habituellement d’une image « propre » de nouvelles startups. Cette image s’est dernièrement dégradée, à cause d’une mise en évidence de la précarisation des conditions de travail et des méthodes pour contourner les lois et les obligations patronales.

Avec cette recherche l'artiste souhaite poser une réflexion sur les conditions de ce type de travail contemporain, celles-ci peuvent être perçues comme inacceptables par une partie de la société mais sont également une évidence du fossé des inégalités actuelles. Malheureusement ce modèle pallie le manque d’opportunités et de perspectives de notre société et sont souvent le seul chemin de l’emploi pour certaines personnes qui peuvent même le défendre. La commande questionne une réalité complexe avec plusieurs axes d’interprétation. Face à la dématérialisation et la précarisation des conditions du travail, l’allégorie accompagnant l’image documentaire devient une piste. 

Julie Hascoët

Les îles endormies

Les îles du Fjord d’Oslo appartiennent administrativement au quartier central de la capitale. Pour les habitants, ces îles sont considérées comme des "summer islands" : des espaces balnéaires où se prélasser à la belle saison, entre buvettes éphémères et activités nautiques. L’hiver, plus rien. L’archipel se transforme en un territoire silencieux et désolé, semblant disparaître de la carte. Le ferry ralentit sa cadence et rares sont les passagers qui montent à son bord ; le paysage devient fantomatique : maisonnettes aux volets clos, bateaux bâchés, aménagements touristiques vidés. 

Ce projet s’articule en deux axes. Par une pratique croisée d’arpentage et de photographie, il s’agira de représenter ces espaces désertés en proposant un travail à mi-chemin entre une écriture documentaire et une attention plasticienne portée sur les formes.
Dans le même temps, en organisant des entretiens avec divers intervenants locaux (qu’ils soient théoriciens - historiens, anthropologues - ou simples habitants de la ville d’Oslo) et en captant leur parole avec un enregistreur, il sera question de venir habiter ce territoire. La pluralité de leurs récits - entre expériences vécues, données sociologiques et fables insulaires - formera un archipel de voix qui entrera en résonance avec les images produites.

Paul Hennebelle

Brown Eyes and Sand

Ce projet est un travail documentaire mené à Beyrouth depuis 2016. Il dresse un parallèle entre la reconstruction de Beyrouth et le sentiment de claustrophobie que ressentent la plupart des jeunes libanais. Le travail de l'artiste questionne l’identité et son rapport au territoire. À Beyrouth, il explore une jeunesse qui se construit au rythme des marteaux piqueurs, qui se cherche une identité et tente d’oublier un passé qu’on lui a imposé. Les nouvelles ruines chevauchent les ruines anciennes créant un puzzle dont la découpe aléatoire fragmente encore plus le paysage dans lequel ils évoluent. Il dépeint la jeunesse coincée dans cette répétition sans fin du passé.

En octobre 2019, une étincelle a allumé la colère populaire, et il a pu assister à un soulèvement national, qui était le début de la Révolution libanaise. Depuis les premiers mouvements et jusqu’à la crise qui s’en est suivie, il a continué à documenter le soulèvement d’un pays épuisé et ruiné. Le 4 août 2020, 2750 tonnes de nitrates d’ammonium font exploser le port de Beyrouth. 

Après avoir photographié la genèse du soulèvement, la révolution, il souhaite retourner au Liban documenter les séquelles que le cataclysme et la crise ont laissées sur le paysage urbain et ses habitants. Beyrouth n’est plus la même, sa jeunesse non plus.

Valerie Horwitz

Des prisons des femmes (titre provisoire)

Il existe en France deux grands types d’établissements pénitentiaires : les maisons d’arrêt et les établissements pour peine. Dans les établissements pour peine, il faut distinguer centrales, centres de détention et centres de semi-liberté. Chaque type gère un régime ; chaque régime implique un cadre, un fonctionnement. La complexité de cette géométrie augmente encore avec les prisons construites ces dernières décennies (centres pénitentiaires), qui regroupent plusieurs régimes.

Seules deux prisons sont uniquement dédiées aux femmes avec 350 places. Elles sont aujourd’hui 2 500 détenues, pour la plupart enfermées dans des quartiers isolés, au sein d'établissements majoritairement occupés par des hommes. Dans ces espaces où tout est réglé au millimètre près, est ajoutée la contrainte de non mixité.
Quelles sont les conséquences pour elles ? Cette politique a-t-elle un impact sur les activités et accompagnements qui leurs sont proposés ? 

Ce projet explore six villes, établissements et quartiers de femmes et dessine la place réservée aux femmes dans l’espace carcéral et l’inscription du carcéral dans l’espace social. 

Coline Jourdan

Soulever la poussière

Ce projet est le second volet d’une œuvre interrogeant les effets de l’extractivisme minier. Cette série concentre son regard sur l’ancienne mine d’or et d’arsenic de Salsigne, située dans la vallée de l’Orbiel, dans l’Aude. Elle fut la plus grande mine d’or d’Europe et la plus grande mine d’arsenic du monde, ayant fourni l’arsenic nécessaire à l’armée américaine pour la création de l’agent orange et l’agent bleu lors de la guerre du Vietnam. Aujourd’hui, l’extraction s’est arrêtée, mais la mine continue de façonner le paysage. Ce qui saute aux yeux, c’est qu’on ne voit rien. La nature, les sols et les eaux de la vallée de l’Orbiel présentent néanmoins des taux de pollution importants.

L'artiste a commencé cette recherche début 2020 lors de la résidence 1+2, résidence ancrée à Toulouse associant photographie et les sciences en partenariat avec le CNRS. Soulever la poussière mêlera photographie documentaire, reportage scientifique et une démarche plasticienne. Cette rencontre sera à la fois liée à une esthétique romantique, mais aussi à un constat objectif, un observatoire du paysage, afin de proposer une réflexion sur la vallée, d’apparence bucolique, redevenue verdoyante, mais imprégnée d’un romantisme intoxiqué.

Jérémie Jung    

Les derniers mineurs d'Estonie (titre provisoire)

Au nord-est de l’Estonie, outre le fait que tous parlent le Russe, ce qui surprend lorsque l’on vient de Tallinn la capitale, ce sont ces hautes cheminées, ces villages abandonnés et ces montagnes de cendres noires. Ici, dans la région minière du Viru oriental, face au géant Russe, dont il essaye à tout prix de s’émanciper, le pays puise son indépendance énergétique dans l’extraction de schistes bitumineux.

Cette situation vaut à l’Estonie une position énergétique unique : le pays est le deuxième plus gros émetteur de gazes à effets de serre par habitant dans l’UE et serait le premier extracteur de schistes bitumineux au monde. Or, alors que ces roches sédimentaires représentent 76% (2018) de la production nationale d’électricité, l’Estonie vient d’approuver le Green Deal de l’UE (4 juin 2020). Le pays va ainsi devoir relever le défi de porter ses énergies renouvelables à 50% de sa consommation et de sa production dès 2030, pour atteindre la neutralité énergétique en 2050.

À travers ce documentaire l'artiste va s’intéresser à ce territoire en transition constante depuis 1991 et sa population russophone qui, malgré elle, est souvent associée à l’histoire soviétique douloureuse du pays. Alors que la région est déjà impactée par le taux de chômage le plus élevé d'Estonie, il aimerait mettre une lumière sur ceux qui vont devoir fournir le plus gros effort pour opérer cette transition énergétique nécessaire. 

Marc Lathuillière

LUCES DISTANTES (Lumières distantes)

"Luces Distantes" est un projet participatif sur des communautés paysannes de l’Urabá, au nord de la Colombie, en lutte non violente contre la spoliation de leurs terres.

Avec ses forêts humides parmi les plus biodiverses de la planète, cette région frontalière du Panama a depuis la conquête été le refuge de populations d’origine indigène et africaine fuyant l’esclavage. Leurs descendants voient aujourd’hui leurs terres confisquées par des groupes armés illégaux, paramilitaires, pratiquant la déforestation pour le compte d’intérêts agro-industriels. Déplacements forcés et assassinats ont poussé une cinquantaine de communautés à s’autoproclamer « zones de biodiversité » interdites à tout porteur d’armes. 

Le projet est pensé autour d'une question éthique : comment rendre visible cette éco-résistance, exceptionnelle par son mode d’organisation, là où préserver la vie de ses acteurs impose de dissimuler leur visage ? Cette recherche a motivé un premier travail photographique dans deux communautés afro-colombiennes en février 2020. L'artiste souhaite le poursuivre, à leur invitation, chez les indigènes Emberás de la réserve voisine d’Urada Jiguamiandó. Il s’agira de trouver des formes documentaires variées, exprimant une lutte pour la diversité naturelle et humaine. Dans un souci d’anonymat, l’accent sera mis sur le camouflage, notamment par le maquillage traditionnel à base de plantes et la photographie de nuit infrarouge, ainsi que sur une démarche d’écriture participative associée aux images. 

Chau Cuong Lê

Le champ des étoiles ou la terre remuée

Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle est un pèlerinage catholique dont le but est d’atteindre le tombeau attribué à l’apôtre saint Jacques le Majeur, situé dans la crypte de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice (Espagne). C’est un Chemin semé de nombreuses démonstrations de ferveur, de pénitence, d’hospitalité, d’art et de culture, qui nous parle de manière éloquente des racines spirituelles du Vieux Continent.

L'artiste souhaite s’inscrire dans cette histoire humaine et suivre les pas de ces hommes qui ont traversé nos terres. Ce projet est une réflexion photographique sur le Chemin de Compostelle. Il voudrait porter son regard sur ce chemin, réfléchir au sens contemporain à donner au Chemin des pèlerins, en quoi ce chemin agit et ce qu’il représente vraiment à notre époque. Il catalyse des interrogations sur la spiritualité et notre lien à la terre - ce pays dans lequel l'artiste grandit - mais aussi son rapport à la création en tant qu’individu traversé par le doute. Il abordera avec richesse la photographie paysagère, historique, archéologique, sociale, introspective et sensorielle.

Elise Llinares     

Photographies de la catastrophe (titre provisoire)

"Photographies de la catastrophe" est le deuxième chapitre d’un travail photographique au long cours sur l’étang de Berre, à l’ouest de Marseille.
 

Le projet est mené conjointement par Michel Peraldi, anthropologue, directeur de recherches émérite au CNRS-EHESS et Elise Llinares. Il a été commencé en 2019, en s'appuyant sur des travaux datant de 1989, alors que Michel Peraldi avait été mandaté par le ministère de l’environnement pour étudier l’impact de la crise économique sur le paysage de cette région fortement industrialisée. Pour illustrer son étude ethnographique et sociologique, il avait photographié systématiquement, pendant 3 ans, les rives de l’étang. Il a proposé de reprendre cette étude en 2019, toujours focalisée sur les paysages. Aujourd’hui, il s’agit de documenter la situation environnementale et sanitaire en une série de portraits, photographiques et filmiques, des riverains de l’étang. 

Mark Lyon

FREE CONTACTS
(titre provisoire)

FREE CONTACTS est un projet de portraits photographiques de personnes exilées en Europe, principalement rencontrées en Italie et en France.
Le projet sera réalisé à la chambre photographique dans des camps et dans des lieux de résidence.

Le photographe Mark Lyon a conçu ce projet en s’appuyant avant tout sur la représentation de ces individus, avant d’être seulement un enregistrement de leur condition de citoyens et citoyennes en instance. Avec le choix de préserver in fine toutes les vues issues des tirages-contacts, dévoilant ainsi forces et faiblesses, il s’agit de donner une vision de ces personnes, non exhaustive et non circonscrite à l’unique identification que la bonne prise photographique présuppose. L’enjeu est de supplanter le déterminisme administratif au profit de la douceur et de la relation, notions qui sont au centre de la composition des portraits.

Leslie Moquin

LES PISTEURS

Les pisteurs est un projet sur le lien entretenu par l'homme avec son territoire, entendu comme espace de cohabitation avec les autres vivants, appuyé sur les pensées de Philippe Descola, Bruno Latour ou Vinciane Despret, et sur la nécessaire redéfinition du paradigme nature/culture qu'ils invoquent. La Lozère en est le point d'ancrage.

Les pisteurs se déploie sous la forme d'un travail de portraits mettant en avant les traditions et les nouveaux usages (jeunes engagés pour le climat, agriculteurs « traditionnels », nouveaux cultivateurs, nouveaux forestiers, chasseurs et pêcheurs, pisteurs de loups, etc). Le projet est complété par une recherche sur le paysage. Enfin, le recours aux méthodes et aux outils du pistage animal (inventaire, prélèvement, camera infra rouge, etc.) occasionnera une production hybride, entre forme documentaire « classique » et nouvelle approche.

Marion Péhée

Bangladesh, femmes en eaux troubles

En raison de sa situation géographique particulière et de sa forte densité de population, le Bangladesh est l’un des pays les plus vulnérables face aux effets des changements climatiques, dont les principaux impacts sont l’augmentation des fréquences des sécheresses et des inondations, l’accélération de la fonte des glaciers de l’Himalaya, l’élévation du niveau de la mer et l’érosion des terres. C'est pourquoi les zones côtières et fluviales sont de plus en plus délaissées, en premier lieu par les hommes. Les femmes quant à elles, assignées à leur rôle de tenue du foyer, effectuent différents types de travaux liés aux moyens de subsistance, la cuisine, la sécurité des jeunes enfants, la sauvegarde des biens précieux, l’élevage des bêtes, la reconstruction des ménages, les travaux dans les champs, la collecte d’eau, etc. Elles se trouvent ainsi dans l'insécurité la plus totale, qu’elle soit sociale, matérielle, alimentaire ou sanitaire, dans ces zones particulièrement isolées et rudes. Pour ces femmes, se met alors en place une vie en état d’urgence permanent, comme véritable laboratoire d’adaptation aux changements climatiques ; elles, résilientes et persistantes, tentent de trouver sans cesse des solutions pour s’adapter et survivre dans ces zones-là. 

Maria Letizia Piantoni

Histoire d'une transplantation

L’Hôpital Grand Paris Nord est projeté dans le 93 en 2025.
Formalisée en 2016 par un protocole d’accord entre l’Etat, l’AP-HP et Saint-Ouen, cette opération adopte d’ores et déjà le nom d’Hôpital Grand Paris Nord. Les organes qu’il est prévu de transplanter siègent actuellement, pour l’un, à Paris : hôpital Bichat-Claude-Bernard ; l’autre, à Clichy : hôpital Beaujon. Il est projeté d’associer à cette transplantation globale ce que les hôpitaux Villemin, (Paris, Xème), le site d’odontologie de Garancière, (VIème), Paris-Diderot et l’Inserm recouvrent en matière d’enseignement universitaire et de recherche. On voit par-là la dimension spectaculaire de cette reconfiguration. On en devine l’ambition, les enjeux, et l’on pressent aussi que se dessine peut-être, à la faveur d’un repositionnement géographique, un changement de paradigme quant à la manière dont s’envisage dans nos métropoles la nécessité de « réparer les vivants ».

Ce projet se concentre dans un premier temps sur l’hôpital Beaujon et vise à rendre compte des transformations à venir de ce territoire et de l’imaginaire qui se construit autour de son nouveau destin. D’un lieu à l’autre, des archives seront constituées en « Collection privée » du nouvel établissement.

Anita Pouchard Serra

Reina & Abdelbaki : conversations entre Paris et Oran

Ce projet est un essai photographique qui entrelace des souvenirs familiaux avec la guerre d'indépendance de l'Algérie contre la France entre 1954 et 1962. Un chapitre de l’Histoire franco-algérienne complexe, et au cœur des débats actuels abordés depuis une distance temporelle et géographique.

Le projet est basé sur l'histoire de Reina, espagnole, née et élevée à Oran, en Algérie, pendant la guerre, et sur l'histoire de l'artiste, sa fille, qui a émigré en Argentine il y a 12 ans. Reina n'est jamais retournée en Algérie. Mais Abdelbaki, né à Oran après l'indépendance et rencontré sur un forum en ligne sur Oran, est devenu ses yeux dans le quartier de son enfance, où Reina n’est jamais retourné.

Le projet est une conversation à trois voix depuis l’Argentine, la France et l’Algérie qui cherche à tisser à distance une histoire et une mémoire transnationale, à la fois individuelle et collective pour créer un espace de dialogue interculturel, malgré les traumatismes et les conflits. A travers une narration non linéaire, où territoires et voix dialoguent par couches et lectures multiples, les archives se confronteront aux images post-mémorielles pour interroger les passés coloniaux.

Maxime Riché  

Paradise

Le mégafeu Camp Fire a ravagé Paradise, en Californie, le 8 novembre 2018. Il a causé la mort de 86 personnes, se classant en tête des incendies qui ravagent la Californie chaque année et n’épargnent plus aucune région du globe. 

L'artiste y a rencontré ceux qui ont décidé de reconstruire leur « paradis », pour rendre compte d’une confrontation avec cette nouvelle frontière créée par les flammes. Pour retranscrire l’intensité des émotions perçues lors de ces rencontres, il alterne les portraits avec une vision personnelle du feu. Il utilise un film infrarouge dont les couleurs lui permettent de réinterpréter notre relation à cet élément qui nous subjugue et nous effraie. Telle une hallucination gravée sur la rétine des survivants, un va-et-vient entre l’éveil et un mauvais rêve.

Le feu n’est que fugacement visible mais désormais constamment présent à l’esprit des habitants de cet Eden déchu. Les mégafeux sont de plus en plus fréquents et incontrôlables, une sourde menace qui nous renvoie à notre fragilité. 

L'artiste souhaite retourner à Paradise pour rendre compte de ce processus de cicatrisation après une catastrophe dont les causes sont, de façon croissante, humaines. 

Lizzie Sadin

Péril en la demeure, violence conjugale en France (titre provisoire)

Il y a 25 ans déjà, l'artiste réalise « Est-ce ainsi que les femmes vivent ? » en suivant le parcours des femmes victimes. Premier travail photographique sur une question largement occultée à l’époque, celle des violences dans le cadre du couple. Puis, un 2ème volet en 2004, « Mâles en poing » consacré aux hommes auteurs de violences. Ces photos avaient permis de mettre des visages au-delà des analyses sociologiques sur cette question dramatique que la société renvoyait à tort dans la sphère du privé. L'artiste voudrait apporter un témoignage d’aujourd’hui sur cette réalité toujours d’actualité en reprenant ces deux sujets en y ajoutant un 3ème volet, celui des Enfants témoins, Enfants victimes.

Pour ces femmes, les choses ont-elles changé ? L'écoute, l'accueil qui leur est fait est-il plus humain ? Sont-elles mieux aidées à sortir de ce piège ? Pour celles qui s’en sortent, les protège ton suffisamment et durablement de leur ancien conjoint violent ? Les derniers féminicides nous interpellent fortement à ce sujet.

Environ 150 femmes meurent encore chaque année sous les coups d'un conjoint violent.
Ces hommes, qui sont-ils ? Les aide-t-on à comprendre et à changer ? Quelles réponses données par le corps social, policières, pénales, sociales, thérapeutiques ? Ces enfants, témoins discrets et silencieux sont trop souvent oubliés. Que disent-ils ? Quel écoute et soins leur sont faits ? Comment vivre alors avec ce modèle et éviter la reproduction ? Les filles, devenues femmes, refuseront-elles un partenaire violent si elles ne l'ont pas appris dans leur enfance ? Aide t-on les garçons à envisager les rapports hommes/femmes autrement ?

60% des hommes auteurs de violence ont été des enfants témoins de violence dans le couple parental.

Témoigner pour contribuer à la libération de la parole, aider les victimes à sortir de leur isolement, s’affranchir de la violence et des traces qu’elle peut laisser, contribuer à une prise de conscience collective sur cette violence de genre.

Olivier Sarrazin

Grand Ensemble 

Ce projet propose une réflexion artistique, urbanistique et sociale sur le logement collectif et ses effets sur le processus de ségrégation spatiale à Marseille. Les grands ensembles répondent à une promesse d'après-guerre envers des populations vivant dans des cabanes, devenues bidonvilles. « Grand Ensemble » entend déconstruire cet idéal promu du vivre ensemble.

Ce projet questionne la visibilité d'un territoire, la disparité des identités héritées et leur invisibilité, la faible empreinte des mobilisations dans les mémoires collectives, l’effacement des traces du passé dans une culture de la rénovation, la perte du lien social dans l’espace public.

Rafael Serrano

À la santé des œuvres

Des expériences professionnelles dans différentes institutions muséales auprès des équipes de constat des œuvres, ont fait émerger chez l'artiste une attention particulière au tirage photographique en tant qu’objet d’art. Ce soin qui l'a conduit à prendre en compte les conditions matérielles des images, l’a aussi amené à concentrer son intérêt sur la fragilité des objets photographiques et sur la tension existante entre leur dégradation et leur conservation. Ce travail s’intéresse à produire une imagerie photographique de la conservation préventive. Une discipline peu visible dans les sujets artistiques contemporains. 

Aimée Thirion

Du camp village au camp ville 

Situé à Sabra, en marge de Beyrouth, les immeubles Gaza constituent une sorte de bidonville dans le bidonville. Ce squat, qui porte une partie de la mémoire de la lutte palestinienne à Beyrouth, est une plongée dans un Liban en marge peu visible. Les plus pauvres y ont trouvé refuge, pour une vie ou pour un temps. Leur détresse n'empêche pas l'organisation d'un quotidien tant bien que mal dans cet espace qui n'a cessé de s'étendre. Les bangladais au sous-sol, les autres dans les étages, une hiérarchie sociale s'est vite imposée. Un système de location s'est mis en place entre Palestiniens et nouveaux arrivants.

Quelques mètres plus loin, le camp de Chatila, créé en 1949 par l'ONU pour accueillir 3 000 réfugiés palestiniens. Aujourd'hui, sans chiffre officiel, certains estiment la population à 40 000 personnes, palestiniens, syriens, travailleurs immigrés... Le camp village de Chatila est devenu un camp ville. A l'image des immeubles Gaza le camp s'est étendu, en hauteur. Dans un Liban en pleine crise économique, de Sabra, de Chatila, l'artiste voudrait ramener des traces, des paysages, des histoires d'un endroit qui est devenu une ville refuge pour les plus démunis.

Rebecca Topakian

Il faut que les cendres de Constantinople s'envolent jusqu'en Europe

Ce projet est une enquête documentaire sur les traces des Topakian en Turquie et, à travers cette enquête, une réflexion poétique sur les identités de minorités dans une Istanbul entre cosmopolitisme et nationalisme conservateur. L’enquête documentaire suivra le fil rouge d’un roman (Un poignard dans ce jardin, de Vahé Katcha), établissant un lien entre la Constantinople du passé et l’Istanbul d’aujourd’hui, la réalité et la fiction, la mémoire et l’imaginaire. Ce travail mélangera archives, cartes et photographies argentiques, comme un journal d’enquête.

Clément Verger

CIRCUMNAVIGATIONS
III.DISCOVERY

Clément Verger est un artiste français dont le travail questionne l’apparente naturalité des paysages qui nous entourent à l’époque de l’anthropocène, mixant production artistique et protocole scientifique dans une démarche fondée sur la recherche. Ses projets se construisent comme autant d’outils d’analyse des complexes ramifications de l’influence de l’homme sur son environnement. Amorcé en 2016, Circumnavigations est un ensemble de travaux au long cours articulé en trois volets, qui traitent de l’influence des voyages du Capitaine James Cook sur le paysage mondial. Chacune de ses trois expéditions devient le sujet de cas d’étude sur le transport et l’implantation d’espèces dans le monde. Discovery le troisième volet de la trilogie viendra clore ce projet. Ses recherches se porteront sur l'île principale de l’archipel d’Hawaï, ajoutant aux prises de vues un travail de collecte de spécimens organiques et minéraux.

Marianne Wasowska

Feu de tous les feux

Le désert de Wirikuta, dans le nord du Mexique, est le terrain d'affrontements entre indiens huicholes, qui s'y rendent en pèlerinage depuis cinq mille ans et compagnies minières canadiennes qui y ont décelé des métaux précieux. Entre ces deux acteurs, les habitants du désert, métisses et paysans, occupent une place complexe et peu considérée. A travers une mise en perspective d'éléments passés et présents de leur histoire, ce projet cherchera à leur donner la parole. En s'intéressant au rapport qu'ils tissent entre oralité et cartographie, à l'imaginaire du trésor véhiculé par les légendes locales et aux flux migratoires qui les lient aux Etats Unis, cette enquête photographique tentera de comprendre la façon dont la représentation symbolique de la richesse modèle le territoire.

Steven Wassenaar

L’impact du Covid sur des familles pauvres en milieu rural

Quel a été l'effet de la crise du Covid depuis mars 2020, avec ses confinements et restrictions successives, l’arrêt d’activité économique, tout comme l’installation des citadins fuyant les villes, sur l’espace rural en France, au nouveau social, économique, médical ?
La pauvreté en milieu rural est une réalité invisible, mais bien réelle, elle touche 14 % de la population, contre 11 % dans l’espace urbain. La faible densité de population rurale, et des phénomènes de sous-équipement en commerces, services publics et infrastructures sont susceptibles de contribuer à un impact plus grand du Covid sur le plan de l’exclusion sociale des populations. Ce reportage documente des changements profonds dus à la crise sanitaire dans quelques régions parmi les moins peuplés de France.

Vasantha Yogananthan

Images Imaginaires

L'artiste souhaite sillonner et photographier la Provence — des Saintes-Maries-de-la-Mer à Menton, d’Avignon à Tende — afin de créer un corpus d’images qui questionne l’iconographie de ce territoire, en privilégiant une photographie s’appuyant sur une expérience du réel. 
Entre 1880 et 1960, la Provence fut à la fois une terre de refuge et d’exaltation pour les plus grands artistes. En faisant du sud de la France le grand atelier de l’art moderne, les peintres ont contribué à faire entrer cette région dans notre imaginaire, présentant un rivage méditerranéen entre mythe et réalité, vécu comme une nouvelle Arcadie. Aux images fixes viendront très vite se superposer les images en mouvement des cinéastes français, décrivant l’âpreté de la vie ouvrière et paysanne dans la région.
Si chacun de nous a aujourd’hui une image de la Provence, notre imaginaire collectif n’est-il pas plus tourné vers le passé que vers le présent ? La Provence s’est pourtant radicalement transformée après la seconde guerre mondiale. Les zones industrielles ont pris le pas sur les terres agricoles, l’habitat périurbain s’est développé en bordure des centres historiques. Comme le reste du pays, la région connaît les crises économiques successives qui marquent le déclin de l’emploi industriel. Son littoral lui permet néanmoins de conserver une attractivité sans pareil. De fait, il n’y a pas une Provence mais des Provences : l’identité de ce territoire est multiple, complexe et en mouvement. 

Kamil Zihnioglu

« Qui, ancu i muntagni si scontrani » - Ici, même les montagnes se rencontrent

Après trois années d'allers-retours entre la Corse et le continent, l'artiste a fait le choix en octobre 2020, de quitter une ville pour habiter une île. C'était, selon lui, la meilleure manière de comprendre la notion d'insularité, en l'intégrant, en s'y immergeant. Nous avons chacun un endroit secret, un refuge que nous souhaiterions ne jamais quitter. Cette île est son point d’ancrage. Comment expliquer l’attraction qu'il a pour cette terre, qui pourtant n’est pas la sienne ?
Il a retrouvé la quiétude d'un endroit qui imprègne ses souvenirs d’enfance. L'île, dépourvue de son ciel bleu, désertée par les touristes, présente alors une toute autre image. Loin de la carte postale qui nous apparaît habituellement. L'hiver, les montagnes semblent reprendre le dessus. En explorant la Corse à la force de ses sentiments et de ses nouvelles expériences d’insulaire, il part à la recherche visuelle de son identité et de son imaginaire.
C’est alors qu’un questionnement va naitre : à un âge où l’on se cherche en tant qu’individu et où l’on choisit et compose sa propre identité, qu’en est-il de la jeunesse corse ? Vivre la relation qui unit la jeunesse corse à son île et ainsi comprendre le rôle qu'elle joue dans la formation de son identité. 

Dernière mise à jour le 3 mai 2023