temps du paysage

Proches du Land Art, courant artistique émergeant à la fin des années 1960, les quatre artistes présentés construisent un lien direct avec la Nature, instaurent un temps d’écoute ou de mesure du paysage. Loin de l'idée de contemplation et hors d’une représentation mimétique, ils appréhendent le paysage comme lieu et support d'expérimentations, espace de collecte et de création. Recourant au déplacement ou au transfert comme processus de création, leurs œuvres saisissent la mémoire et la topographie des lieux investis, traversés et élaborés. Chacune d’elles rend compte à la fois de l’aspect performatif et de l’unicité du lien instauré avec le paysage. Pour Richard Long, le corps est un outil, la marche un mode d'expression. De fait, les enjeux liés à l'espace et au temps sont primordiaux dans ses œuvres. Des cartes et des itinéraires rappellent sa présence éphémère en un lieu. Pour rendre sensible son passage, Roger Ackling utilise comme médium le soleil et les brûlures qu'il produit point par point avec une loupe, sur des papiers ou des bois récupérés. Lors de ses voyages à travers le monde, David Tremlett procède à des enregistrements « sur le motif ». Ici, le vol d’oiseaux au dessus de quatre îles écossaises transparaît sous la forme de lignes droites ou brisées qui ouvrent, en une partition sensible, une fenêtre sur l’imaginaire et une réalité recomposée. Un assemblage de photographies et de cartes témoigne de la performance nocturne de Dennis Oppenheim durant laquelle l’ombre du corps en marche explore, mesure et rythme un espace rendu énigmatique par la présence de l’artiste dans le faisceau d’un puissant projecteur. D'ores et déjà inscrite dans un vaste courant de pensée artistique, chaque œuvre participe à la synthèse de nouvelles perceptions de l'espace, du temps et de la nature pour interroger notre propre présence au monde.