TOM JOHNSON

Exposition
Arts plastiques
Les Bains-Douches Alençon

Tom Johnson, musicien né en 1939 aux Etats-Unis, installé en France depuis 1983, compositeur, performeur et, faut-il dire accessoirement, dessinateur. Car ce sont ses dessins qui seront accrochés aux Bains-Douches, des séries de feuilles de papier couvertes de chiffres agencés en carrés, en triangles ou selon d’autres grilles géométriques, et reliés entre eux par des lignes.

Ces signes organisés et répétés, ces séries de variations, retiennent le regard à la manière des énigmes que l’on trouve dans les journaux au moment des vacances d’été. Des jeux sérieux mais peut-être futiles, des exercices sans autre finalité qu’eux-mêmes et la «gymnastique cérébrale», comme les mots-croisés, le sudoku et les autres occupations auxquelles se livrent de nombreux individus dans tous les pays du monde.

Au début des années 1970, Tom Johnson a composé l’Opéra de quatre notes en n’utilisant que le la, le ré, le si et le mi. C’est une œuvre à contrainte comme La Disparition de Georges Perec, le livre publié en 1969 où l’auteur n’utilise jamais la lettre e. Mais pas encore une œuvre à formule comme celles que Tom Johnson a composées depuis sur les nombres de Mersenne, sur le triangle de Pascal ou sur la progression démographique calculée par le mathématicien indien Pandit Narayana (1340-1400) où, sachant qu’une vache donne naissance chaque année à une autre vache mais qu’une nouvelle vache ne donne naissance pour la première fois qu’au bout de quatre ans, il faut trouver combien il y aura de vaches dans vingt ans.

Comme Georges Perec en littérature, Tom Johnson est passé de la contrainte simple – retrait de lettres ou de notes, palindrome, symétrie – à des systèmes plus compliqués, les formules, les séries, les modèles géométriques, etc. Et comme Georges Perec en littérature, notamment pour La Vie mode d’emploi, le dessin lui sert de pont entre la contrainte systémique et la solution musicale. Le résultat est souvent envoûtant, à la manière des musiques répétitives, celle de Phil Glass, de Steve Reich, ou des musiques orientales et extrême-orientales.

Le peintre zurichois Gottfried Honegger, l’un des plus importants protagonistes de l’art concret, a produit plusieurs œuvres dont il déterminait les formes et les couleurs en jetant les dés. Paul Klee s’est servi de systèmes géométrico-mathématiques pour créer ses carrés magiques. François Morellet ou Aurélie Nemours utilisent des formules et des séries mathématiques. Et la plus grande innovation technique de la peinture occidentale, celle qui commande encore notre idée de la ressemblance, est la perspective artificielle, un système de représentation calculé.

L’impact visuel des dessins de Tom Johnson n’est donc pas sans précédent dans l’histoire de la peinture. Il tient par ailleurs au fait que les dessins mettent littéralement le processus de composition sous les yeux du spectateur ou de l’auditeur. Et qu’outre l’éclair de compréhension, leur vision décuple la capacité d’écoute et l’attraction de sa musique.

 

Tom Johnson étudie à l'université de Yale où il obtient une licence d'Arts en 1961 et un master de musique en 1967. Il se forme surtout auprès de Morton Feldman qui lui enseigne la composition en privé. L'influence de John Cage qu'il côtoiera plus tard, est également déterminante dans son parcours. En 1971, il devient critique pour le journal hebdomadaire new yorkais Village Voice. Il commence à y parler du minimalisme dont il affine la définition au fur et à mesure des années. Grâce à cette revue, il fait connaître Terry Riley, La Monte Young, Steve Reich, Philip Glass et d'autres compositeurs américains. Tom Johnson a fondé deux maisons d'édition pour publier ses œuvres, Two-Eighteen Press (États-Unis) et les Éditions 75 (France). Il vit actuellement à Paris.

Commissaires d'exposition

Horaires

les mercredis, samedis et dimanches de 14h à 18h30

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Les Bains-Douches 151 avenue de Courteille 61000 Alençon France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022