The Weavers

Xavier Antin
Projet soutenu par le Cnap
Exposition
Arts plastiques
CAC Brétigny Brétigny-sur-Orge

*, **, /, ¶, {, ∞ et )) sont les noms des 7 sculptures qui composent l’exposition «The Weavers» de Xavier Antin. Dotées d’intelligence artificielle, elles forment une communauté, à la fois écosystème politique et lieu d’une expérience d’écriture collective qui va, pendant la durée de l’exposition, produire un récit à plusieurs voix.

La communication «The Weavers» est l’occasion de présenter ces 7 personnages. Les signes typographiques *, **, /, ¶, {, ∞ et )) sont prélevés à 21 typographies produites entre 1921 et 2015 et associées à Claude Garamont, typographe et imprimeur français du XVIe siècle. Le Garamond est la typographie choisie par Xavier Antin pour composer l’édition qui retranscrira les sept semaines de discussions journalières entre les sculptures.

Selon les auteurs et les techniques employées au fil du temps, ces multiples versions de signes de ponctuation ou mathématiques varient étonnamment alors même qu’ils sont affiliés à une même typographie dessinée en 1592. À la fois semblables et distincts, les 21 versions des 7 signes produisent 147 cartons d’invitations différents, rendant impossible la collectionnite parfois associée à L’ABCC du CACB.

L'ABCC du CACB, Charles Mazé & Coline Sunier

Xavier Antin 
En collaboration avec Julien Jassaud et Camille Pageard

Commissaire: Céline Poulin

 

Plus qu’une exposition, «The Weavers» est une expérience, l’aboutissement temporaire d’une recherche initiée par Xavier Antin depuis bientôt plus d’un an, en résidence au CAC Brétigny. À la fois machine à produire du texte, expérimentation politique et agencement de sculptures dans l’espace, «The Weavers» confirme un tournant pris par le travail de Xavier Antin depuis plusieurs années. Nourrie par différentes lectures et formations disciplinaires, la pratique de l’artiste tend initialement vers deux directions: expérimenter les processus de production des machines visuelles et scripturales et réfléchir au potentiel narratif des formes. Ce second aspect se construit alors à partir d’une histoire préexistante, connectée aux enjeux socio-politiques de la production et de leurs usages, et s’incarne dans des réalisations formelles: images, sculptures, installations, éditions. Puis, Xavier Antin commence à produire des objets issus de ses recherches sur les processus de fabrication industriels de l’image et de l’écrit qui deviennent eux-mêmes supports d’un récit à venir. La narration s’émancipe et est laissée au spectateur, interprète de l’œuvre.

L’interprétation et l’autorat, motifs récurrents de Xavier Antin, trouvent avec «The Weavers» un nouveau développement. Rassemblées dans l’espace du CAC Brétigny, un groupe de sculptures dotées d’intelligence artificielle composent une communauté, à la fois écosystème politique et lieu d’une expérience d’écriture collective. Paramétrées par Julien Jassaud, programmeur, Camille Pageard, historien de l’art et éditeur, et Xavier Antin pour échanger entre elles suivant des scénarios prédéterminés mais néanmoins assez elliptiques, ces sculptures vont, pendant la durée de l’exposition, produire un récit à plusieurs voix. Le livre résultant de l’exposition[1] retranscrira ces échanges, soit sept semaines de discussions journalières entre les sculptures, nommées *, **, /, ¶, {, ∞ et )). La programmation de ces dernières anticipe autant que faire se peut la matérialité du texte et des voix qu’il figure. L’intention de l’écriture se dissout et se noue entre ce que déterminent les réglages des machines écrivantes, les citations qu’elles puisent dans un ensemble d’ouvrages leur permettant d’apprendre le français, et les interactions langagières advenant entre elles sur le moment.

C’est le groupe des œuvres lui-même qui répond à l’appellation The Weavers, en anglais le nom donné aux tisserands, travailleurs des manufactures textiles, historiquement liés au développement de l’industrialisation et des luttes sociales (les canuts en France, les luddites en Angleterre, etc.). C’est aussi le nom du tisserin, cet oiseau vivant en communauté et capable, de manière innée, de tisser un nid au plan élaboré. Positionnées à l’intersection entre un groupe de travail et des entités pseudo-organiques, les sculptures converseront ensemble suivant plusieurs scénarios abordant des notions telles l’empathie, la mémoire ou encore l’économie. Si leur identité collective et individuelle reste en construction et se déterminera dans l’écriture et l’échange, différents éléments programmatiques et matériels les définissent. Concrètement, chaque sculpture est encodée pour agir suivant des directions à la fois philosophiques et pragmatiques, lesquelles sont, d’une certaine manière, et seulement en partie, figurées par les structures et matériaux qui composent les pièces. Ainsi d’une cloche moulée ornée de mains, d’un convoyeur enfermé dans un aquarium ou d’un simulacre d’ordinateur quantique... À travers l’exposition, c’est la dimension allégorique de l’œuvre de Xavier Antin que l’on pourra appréhender et comment l’artiste articule ensemble les signifiants, signifiés et référents qu’il manipule.

Céline Poulin

Notes

[1] Co-édition Tombolo Presses et CAC Brétigny, avec le soutien du Cnap.

 

Xavier Antin (1981, Paris) vit et travaille à Paris. Formé au design graphique à l’Ecole Nationales des Arts Décoratifs de Paris et au Royal College de Londres, il travaille d’abord comme graphiste indépendant, puis migre progressivement vers une pratique exclusivement plastique. Son travail a été présenté dans de nombreux lieux parmi lesquels: le Salon de Montrouge, Résonnance Biennale de Lyon, la Triennale de Milan, le Cneai (Chatou), le Parc Saint Léger (Pougues-les-Eaux) dans le cadre du Hors les murs, le FRAC Île-de-France, la Villa Arson (Nice), La Halle des Bouchers (Vienne) et le CAPC (Bordeaux). En 2012, il présentait Learning with errors, sa première exposition personnelle à la galerie Crèvecœur, suivie en 2014 de News from Nowhere et An epoch of rest à la MABA (Nogent-sur-Marne) et au palais des beaux-Arts de Toulouse, où il s’intéressait à l’héritage de l’écrivain, designer et utopiste William Morris. Ses dernières expositions personnelles en France et à l’étranger comprennent la galerie Crèvecœur, la BF15 (Lyon), Spike Island Art Centre (Bristol), et Aloft–Fondation Hermès (Singapour). Il est représenté par la galerie Crèvecœur, Paris.

Camille Pageard est historien d’art et enseigne à l’Ensba Lyon. Son enseignement porte sur l’histoire de l’art, de l’édition et de la poésie contemporaine. Ses recherches se concentrent quant à elles actuellement sur l’écriture poétique et la politique. Il a publié plusieurs textes dans des revues et des publications collectives. Après avoir été membre de <o> future <o> (www.f-u-t-u-r-e.org) de 2014 à 2018, il co-dirige aujourd’hui avec François Aubart la maison d’édition Même pas l’hiver. Il a été co-éditeur du catalogue de la biennale d’art contemporain de Liverpool, A Needle Walks into a Haystack, avec Mai Abu El Dahab et Anthony Huberman (2014) et a collaboré à l’ouvrage Intrus sympathiques avec Urs Leni et Olivier Lebrun. Il a travaillé avec Jean-François Caro à la traduction de deux livres de David Antin, Essais sur l’art et la littérature et parler aux frontières, respectivement publié chez <o> future <o> et Vies parallèles en 2017. Une bourse de recherche européenne lui permet jusqu’en 2021 de travailler sur le sociologue, activiste et écrivain sicilien Danilo Dolci.

Julien Jassaud est artiste et programmeur. Passé par l’ESTP, il se forme à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et à l’Institut Avancé d’Art Média et de Sciences (IAMAS) au Japon. Son travail consiste essentiellement dans la conception de jeux, leurs règles et leurs pièces, et de jouets qui tentent d’articuler l'infiniment petit et l'infiniment grand. En tant que programmeur et technicien, il a collaboré avec de nombreux artistes tels que Christophe Lemaitre pour le CNEAI et le Confort Moderne, Aurélien Mole pour Passerelle Centre d’art contemporain, Marlies Pöschl pour le CAC Brétigny, Fayçale Baghriche pour la MAGCP et Mercedes Azpilicueta pour CentroCentro à Madrid, Museion à Bolzano (Italie) et le CAC Brétigny. 

Commissaires d'exposition

Artistes

Partenaires

Le CAC Brétigny, Centre d'art contemporain d'intérêt national, est un équipement de Cœur d’Essonne Agglomération. Il bénéficie du soutien du Ministère de la Culture—Drac Île-de-France, de la Région Île-de-France et du Conseil départemental de l’Essonne, avec la complicité de la Ville de Brétigny-sur-Orge. Il est membre des réseaux TRAM et d.c.a. Cette exposition est réalisée avec le soutien de Némo, Biennale des arts numériques d’Île-de-France, du Département de l’Essonne et en partenariat avec l’Université Paris-Saclay dans le cadre d’Exoplanète Terre, une programmation Arts & Sciences réunissant neuf partenaires culturels en Île-de-France. Ce projet a été sélectionné par la commission mécénat de la Fondation des Artistes qui lui a apporté son soutien.

Horaires

Entrée libre. Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h. Ouverture exceptionnelle les soirs et dimanches de représentation au Théâtre

Adresse

CAC Brétigny Cœur d'Essonne Agglomération Rue Henri Douard 91220 Brétigny-sur-Orge France

Comment s'y rendre

Accès en train, RER C: Arrêt Brétigny. Depuis Paris, trains BALI, DEBA, DEBO, ELBA direction Dourdan, Saint-Martin d’Étampes. Depuis Dourdan et Saint-Martin d’Étampes, trains LARA, PARI, DEBO direction Saint-Quentin en Yvelines, Gare d’Austerlitz, Invalides. De la gare de Brétigny, suivre la direction Espace Jules Verne, prendre le boulevard de la République, continuer sur la place Chevrier et au rond-point prendre sur la gauche, rue Henri Douard. Accès en voiture: Depuis Paris, A6 direction Lyon, sortie Viry-Châtillon, Fleury-Mérogis, puis Brétigny centre. Depuis Évry, Francilienne direction Versailles, sortie 39B direction Brétigny. Depuis Versailles, Francilienne direction Évry, sortie Brétigny centre. Depuis Étampes, RN20 direction Paris, sortie Arpajon—Égly—Brétigny-sur-Orge—Saint-Vrain.
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022